La capitale espagnole a été fondée par les musulmans et portait à l’origine un nom arabe. Plusieurs indices permettent de décrypter le passé islamique de la ville, comme l’architecture où le système d’acheminement de l’eau.
Peu de gens savent que la capitale espagnole est la seule ville de sa catégorie à avoir été fondée par les Arabes. Madrid commença par s’appeler Maˆyrit, en arabe, et ses origines furent pendant longtemps discutées. Jusqu’aux années 1930, nous manquions de précisions sur ses origines. En effet, depuis le XVe siècle au moins, les chroniqueurs castillans et espagnols n’acceptaient pas de bon gré que cette ville doive son existence à des musulmans infidèles. Ils déployèrent toute sorte d’arguments pour démontrer son origine romaine et chrétienne.
Romains vs musulmans
Cependant, ce phénomène de recherche de racines romaines, ou plutôt romano-chrétiennes, n’était pas propre à Madrid. La Renaissance et le goût pour les racines classiques de la culture occidentale affecta les autres villes et provoqua en Espagne une tentative généralisée de trouver des origines classiques à de nombreuses localités. Cette tendance générale s’accompagnait de propos politiques. La riche historiographie locale espagnole, dont une grande partie est due aux clercs, qui possédaient la plus vaste culture, atteste de cela. Et Madrid ne fut pas une exception, surtout à partir du moment où le roi Philippe II (1527- 1598) l’éleva de sa condition de ville de deuxième catégorie, dans le royaume de Castille, pour en faire le centre politique de son vaste domaine qui, à ce moment-là, s’étendait sur cinq continents.
L’acharnement fut vain. L’édition de la Chronique arabe d’Al Himayi, qui recueillait les témoignages d’auteurs andalous antérieurs, démontra que la ville devait sa fondation a l’émir omeyyade de Cordoue, Muhammad Ier Ibn Abd Al Rahman (852-886), et que cela avait eu lieu pendant le troisième tiers du IXe siècle. La date exacte est inconnue. A ce moment et depuis un certain nombre d’années, la dynastie omeyyade d’Occident menait à bien une politique de création de points fortifiés dans des lieux stratégiques, spécialement là où se croisaient des rivières. Dans le cas de Madrid, il s’agit de la rivière Manzanares, qui était à l’époque un peu plus importante que le triste ruisseau d’aujourd’hui.
L’activité immobilière des dernières années a donné lieu à un grand nombre de fouilles archéologiques, obligatoires en Espagne dans les zones protégées. Pas toujours bien conduites, ces fouilles ont néanmoins apporté dans leur ensemble une très riche information sur le passé islamique de la ville. Nous sommes à présent capables de tracer à grands traits les lignes générales de la première fortification andalouse et de déterminer ses limites, même si cela n’a pas provoqué de grandes surprises, Maˆyritn’étant pas très différente des autres localités de pareille importance dans le contexte culturel d’Al-Andalus.
Des origines hybrides
La théorie nationaliste, très puissante dans l’histoire espagnole, tout en acceptant le fait incontesté des racines arabes de la ville, arriva à ébaucher l’hypothèse de l’origine mixte. C’est-à-dire que les Arabes auraient construit une première fortification dans les alentours d’une localité indigène préislamique. La séparation entre les deux noyaux serait le ruisseau qui s’écoulait rue Ségovie, fossé naturel entre les deux collines, celle occupée par le palais royal et celle appelée « Las Vistillas » (les petites vues). La population de cette dernière aurait été chrétienne et de langue latine. La manifestation la plus tangible de cette supposée dualité, indigène et arabe, serait le nom de Maˆyrit, formé par deux racines différentes : maˆyra et it. La première serait arabe et ferait référence à l’existence d’un système concret de captation d’eau. La deuxième est une terminaison latine indiquant ce qui serait plus ou moins « le lieu abondant dans les galeries pour la captation d’eau ». L’union de ces deux racines différentes consacrerait l’origine hybride de la première localité. On minimisait ainsi le problème idéologique que posait l’exclusivité de l’origine arabe de Madrid. On ne pouvait pas accepter que la capitale de l’empire hispanique comptât avec la présence de l’élément indigène. Ou, ce qui est pareil, de « proto-espagnols ».
Les philosophes actuels sont venus remettre les choses à leur place. Maˆyrit est l’interprétation arabe de « matrice », lieu où naît quelque chose : chemins, ruisseaux, etc. La transformation d’un mot en un autre suit des règles concrètes, bien connues par les spécialistes en phonétique arabe, qui transforment toujours de la même façon le groupe consonantique latin tr en ˆyr. L’explication du nom n’est pas valable pour justifier une supposée évolution de la localité. Une fois la philosophie mise de côté, il ne reste plus qu’à recourir à l’archéologie.
Madrid occupe une situation géographique dominante, surtout si on l’envisage selon des concepts stratégiques du Haut Moyen-Age. Elle s’élève presque au centre géographique de la péninsule ibérique, près de la rivière Manzanares, protégeant ainsi les gués de cette rivière et les passages de la proche chaîne Centrale. En même temps que Madrid, fut fondée la ville de Talamanca del Jarama, à très peu de kilomètres, empêchant ainsi la traversée de la rivière Jarama, de même que Alcalá de Henares (Alcalá = al qala). Ces villes, et d’autres un peu moins connues, protégeaient le même axe de communication qui conduisait à Tolède (Tulaytula, en arabe).
Les voyages de l’eau
Autrefois, Madrid s’approvisionnait en eau à partir d’un système de galeries drainantes, les « voyages ». Il s’agit de tunnels creusés dans le sous-sol qui recueillent, par filtration, l’eau d’un terrain phréatique. Celle-ci se dépose sur la partie basse de la galerie et finit par ressortir à l’extérieur dans une fontaine ou un puits. Cette façon d’utiliser les ressources hydrauliques requiert des conditions géologiques déterminées qui, dans tous les cas, sont fort semblables : un massif montagneux qui sert de récepteur et un terrain, à ses pieds, perméable, se trouvant formé à une certaine profondeur par des couches imperméables. De cette façon, les galeries creusées dans les niveaux supérieurs recueillent l’eau du terrain, qui ne se perd pas dans les zones profondes.
Ce système semble avoir été introduit en Espagne par les Arabes et appartient à la tradition culturelle du Moyen-Orient, habituée à exploiter les maigres ressources des régions semi-désertiques, à la pluviométrie très faible. La première mention que nous avons d’un voyage d’eau provient d’un texte assyrien. Ces galeries, très employées dans le monde arabe, reçoivent différents noms : qanat (pl. qanawat) en Syrie, khattara au Maroc et alcanás (de al qanat) ou voyages en Espagne.
Tous les historiens se sont accordés sur le fait que les premiers voyages d’eau de la capitale madrilène ont été construits par les Arabes. Si l’on s’en réfère à la publication d’exemples d’autres villes approvisionnées par le même système (Téhéran, Marrakech, etc.), il est en effet probable que ces voyages d’eau soient effectivement l’œuvre d’ouvriers musulmans, mais pas nécessairement à l’époque andalouse. Ils auraient plutôt été créés après l’incorporation de la zone au Royaume de Léon, à une date diffuse mais postérieure à 1086, quand les habitants de Tolède ouvrirent leurs portes au roi Alfonso VI (1047-1109). C’est-à-dire que les khattara de Madrid furent possiblement creusés par une main d’œuvre mudéjar (musulmans qui habitaient dans un Etat chrétien). Pour le moment, la question reste ouverte, bien que plusieurs théories puissent être envisagées. L’une d’elles serait la construction des voyages pendant la période andalouse, pas comme ravitaillement direct de la forteresse (aucun ne semble y pénétrer à l’intérieur), mais plutôt pour la population qui se groupait dans ses alentours et, surtout, pour exploiter son cañon (alfoz en espagnol ; al-hawz en arabe). Il n’a pas été démontré qu’il y eut une deuxième enceinte fortifiée andalouse, cependant il semble que l’on en ait construit une plus grande au XIIe siècle.
Dans les lieux islamiques où furent utilisés les voyages d’eau, leur construction et leur gestion étaient en général le fruit de l’initiative privée et étaient administrés par des familles ou des corporations. Dans d’autres cas, ils pouvaient être le résultat de quelque initiative officielle, mais les informations manquent pour nous renseigner sur cette façon d’agir à l’époque d’Al-Andalus. Il convient, en tous cas, de distinguer quand une œuvre d’intérêt public (comme l’étaient sans aucun doute les voyages)était construite avec des fonds privés, employant ainsi l’institution du habous. Aucun de ceux connus ne dépasse le périmètre fortifié contemporain ou antérieur, ce qui aurait supposé une imprudence, pour des raisons de sécurité. Et ces systèmes d’arrosage étaient inconnus des Etats du nord d’Al-Andalus, dont l’économie agricole reposait sur des terrains non irrigués. Une des particularités de la culture agricole d’Al-Andalus pendant toute son histoire fut précisément sa maîtrise de l’eau. La richesse de ses méthodes d’arrosage contribua à mettre en exploitation des zones sèches, fort semblables à d’autres parties du bassin méditerranéen, moyennant l’application de techniques sophistiquées de captation des ressources hydrauliques. Les royaumes du nord de la Cordillère centrale possédaient une agriculture plus centrée sur les cultures de céréales, surtout quand les successives conquêtes territoriales leur permirent descendre des montagnes du nord et d’exploiter les plaines du sous-plateau nord et de certaines zones de la vallée de la rivière Ebro.
En résumé, les maˆyrade Madrid, même si l’on admet qu’ils ont été construits par les musulmans, ne peuvent être datés avec la certitude avec laquelle on l’avait fait jusqu’à présent (IXe siècle), mais remontent plutôt à la période de León (XIIe siècle et au-delà). Ils ne peuvent donc pas servir d’argument, du moins dans l’état actuel de nos connaissances, pour justifier une partie du nom de la ville. De récentes découvertes archéologiques soutiennent cette interprétation.
Au temps de la forteresse
La primitive Maˆyrit n’était pas une grande localité. Elle représentait à peine une forteresse avec des caractéristiques semblables à celle connues à ce moment-là : des murs en pierre, formés par deux faces de taille et un noyau rempli de moellonnage (emplecton), d’une hauteur de 10 à 12 mètres et échelonnés à peu de hauteur – griffe – à la base ; des tours à la base rectangulaire et un peu saillantes, situées à intervalles courts et réguliers. La pierre de taille est posée d’une façon particulière, en alternant une pierre posée sur son côté le plus long et la suivante sur son côté le plus étroit. Il s’agit du système décrit en espagnol par « carreaux et boutisses ». Toutes les forteresses omeyyades n’ont pas forcément été construites en pierre, la tapia (sorte de mélange de terre) fut également utilisée.
La base de l’enceinte originale devait être, comme la plupart des forteresses omeyyades d’Al-Andalus, de tendance quadrangulaire et occupait un espace qui s’étendait sur une partie de l’esplanade située près du palais royal et l’actuelle cathédrale catholique de l’Almudena (Al Mudayna). On conserve très peu de restes visibles de cette forteresse, bien que ces dernières années certaines parties ont été fouillées et restent accessibles depuis certains immeubles. La partie la plus significative peut être contemplée depuis la zone que l’on appelle Cuesta de la Vega, près du parc dédié à l’émir Muhammad Ier. Là-bas, la façade est conservée quasiment dans sa hauteur originale et on peut apprécier certaines tours, dont la structure architectonique démontre qu’elles ont subi au moins une rénovation pendant la phase de gouvernement de la dynastie omeyyade de Cordoue.
L’entrée principale devait se situer, comme il est commun dans d’autres cas similaires, dans un angle de l’enceinte, plus ou moins au début de celle qui est située aujourd’hui Calle Mayor. Là-bas commençait le chemin de Guadalajarra (Wad Al Haˆyara). Sa structure devait être très simple puisque, jusqu’au Xe siècle, nous n’avons aucun indice prouvant que les forteresses d’Al-Andalus aient eu un niveau technique concernant les organismes de défense, comme ses homologues Ifriqiya, la Syrie ou l’Irak. Elle devait être formée par deux tours, une de chaque côté. Sans aucun doute, cette première forteresse a subi des réparations et peut-être quelques agrandissements. La première rénovation est attestée par le reste du mur conservé dans le parc consacré à l’émir Muhammad Ier, dans la partie arrière de la cathédrale de l’Almudena.
La tradition historique a voulu que la forteresse arabe primitive soit identifiée dans la zone où s’élève aujourd’huile palais royal, mais même si l’on en est arrivé à établir des comparaisons entre le plan actuel, avec quatre grands corps saillants dans les angles, et l’ancien plan supposé, cette théorie n’est soutenue par aucun fait archéologique. Il est vrai que les forteresses de l’époque omeyyade tendent à avoir un plan quadrangulaire, avec de grandes tours dans les angles, mais qui ne sont pas toujours aussi régulières comme, par exemple, la Alcazaba de Mérida, édifiée en 835 par l’Emir Abd Al Rahman II Ibn Al Hakam. Et les restes de la muraille conservés jusqu’à nos jours se trouvent trop loin du palais pour les considérer unis à lui par une supposée première enceinte. S’il existait là-bas un élément défensif, il devait faire partie du premier anneau fortifié de la ville, mais ne pouvait être une espèce de donjonou alcazar, antécédent du bâtiment que nous voyons aujourd’hui. Quoi qu’il en soit, les origines arabes de la capitale madrilène n’ont pas fini de livrer leurs secrets.
Par Fernando Valdés Fernández
Bonjour
Je dirais la même chose car Mayrit c’était le premier nom donné à cette ville.
De nos jours, c’est Madrid !
Ce que les gens doivent vraiment savoir c’est ne pas occulter l’histoire réelle.
Les arabes ont été les fondateurs d’Espagne et la preuve c’est que presque tous les palais construits ont été construit par des artisans arabes d’où la sculpture a été reproduite par des artisans marocains. Voir le jardin de Cordoue et toute sa splendeur.
L’histoire ne doit pas être faussée, celà est injuste de désorienter les chercheurs. Des témoignages poignants et faux font accentuer plus de haine et racisme.
et real madrid aussi a été créé par les arabes ?
juste Madrid on te dit.
Non il est dirigé par un arabe, et le N° 9 est arabe
Oui, Real Madrid a ete cree par un arabe aussi: Zidane
Le réal de Madrid a été créé par deux frères …catalans
Oui par Zinedine Zidane et Karim Benzema.
C’est une réalité , il suffit de voir le grand jardin de style andalous qui se trouve derrière le palais royal de Madrid, qu’ils appellent Jardin de Moro, de sa vrai dénomination de 7adikat Moulay Muhammad qu’on trouve sculpté sur une pierre.
lol Moro en espagnol signifie maure c’est a dire les habitants de la mauretanie (Royaune Berbere) de l’actuel Maroc.
En tout cas, mis à part l’origine du mot, dans la vie courante, ils traitent les marocains de Moros.
Bande d’incultes! Les Maures sont les arabes de l’Andalousie ou les Andalous tout simplement. Que vient faire là-dedans le Maroc ou la Mauritanie qui n’existaient même pas à cette époque?!!!
Los Mauros est en fait le nom donne au premiers envahisseurs Al Mhoravides ( Al Morabitoun) qui venaient au 12 siacele sauver leur frere musulmans andalou et qui par la meme occasion.on fini par ci indtaller toute en fonfant également la ville de marrakech
C edt bien plus tarf que les chroniqueurs les appelenons les Maur en reference effecrivement a l origine de certains envahisseurs (arabo_berberes)
Référence Levy provencal
HISTORIEN et non inculte
Comment ça n’existait pas !!!!!
Mr l’ignorant c’est à partir du Maroc et exactement tarik bnou ziad que les arabes ont pu conquérir l’iberie :(Espagne/Portugal)
Les maures représentaient les andalous musulmans à l’époque, ce sont los Moriscos ou bien Al-Muriski’un en Arabe classique.
Bonjour
je voudrais apporter une petite precision que le maure ne signifie pas habitants de la mauritanie mais plutot un berbere marié à un arabe l’alliance des deux donne un maure et donc mauresque d’ailleurs aberhmane premier appelé aussi sakr koreich etait un mauresque de mere berbere du maroc et son pere de syrie .
j aimerais bien savoir si je n’ai pas raison merci
Vous avez parfaitement raison, l’Espagne andalouse à bel et bien été sous le règne des Almoravides (Maroc) et des Omeyyades (Syrie). Des mélanges de races suite à des mariages mixtes entre les deux ont marqué l’Histoire jusqu’à présent.
C’est quoi cette histoire de pierre sculptée ? J’en ai jamais entendu parler
À cette époque le terme de maure signifiait tout simplement « musulman » les arabes d’Andalousie habitaient les villes comme ceux de Homs etc. Le terme Maure à la base désigne les populations d’Afrique du Nord
Une petite rectification , si tant est que ce constat est avéré ; ce ne sont pas les arabes qui ont fondé Madrid mais plutôt les Maghrébins sachant que l’Andalousie à été conquise par Tarek ibn Ziad dont l’origine n’à pas besoin d’être rappellé à moins que l’on ne veuille falsifier l’histoire.
Article tres interessant merci pr le partage. Si vous pouviez en partagez plus sur l histoire des musulmans ce serait tres bien.
Bonjour, précisez que ce ne sont pas les arabes de la péninsule arabique qui ont fondé Madrid!!!!
Les Maures (du latin mauri) désignent pendant l’Antiquité les populations berbères de l’occident nord-africain, tout particulièrement les plus occidentales. Nommés Maures plutôt que Numides, ils ne furent clairement distingués que lorsque les Romains eurent connaissance de l’existence d’un royaume berbère au Maroc.
Tolede etait la grand ville voisine, la region qui deviendra Madrid etait une zone agricole de cultures et de vergers où se croisaient rivières et canaux d’irrigation (construits par les Arabes de Tolède, alors à la pointe de ces techniques amenées du Yémen (la majorité des soldats de l’infanterie arabe en Espagne étaient Yéménites, la lmajorité de la cavalerie était syrienne et perse). A cause des canaux et ruisseaux de cette région les textes arabes ancien montrent que cette région proche de « Toleitoula » (Tolède) était appelée région des MADJARI (Canaux) qui sera déformé ensuite en MADRID. Comme par exemple la région habitée par les Beni Walid est aujourd’hui la ville espagnole de Validolid, ou la Qalaa des Beni Ayoud est aujourd’hui la ville de Calatayoud, celle des Beni Dorm est aujourd’hui la ville de Benidorm, et les exemples sont très nombreux. Les Espagnols estiment que de 20 à 25% des mots espagnols sont d’origine arabe..