A-t-on tout dit sur les goumiers marocains (1908-1945) ? Peut-être bien que oui, et
peut-être bien que non… Zamane fait le point.
Nous vous proposons ici une mise en exergue de l’épopée des goumiers marocains depuis leur création jusqu’à 1945. Autrement dit, nous voulons jeter «un regard froid» sur une des manifestations les plus perceptibles de la mainmise coloniale française sur le Maroc, à savoir l’utilisation des troupes dites indigènes dans les diverses campagnes militaires menées dans ce pays, en Europe et ailleurs. Le recours à ce genre de troupes n’est pas une donnée nouvelle dans l’aventure coloniale en général et celle de la France en particulier. Aussi, faut-il rappeler que Napoléon avait recruté des Mamelouks lors de sa campagne d’Égypte en 1798-1799. D’autres expériences ont vu le jour en Algérie dès 1830, en Afrique de l’Ouest et bien entendu au Maroc avant même l’établissement officielle du protectorat français sur ce pays en 1912. Décrivant la situation du Maroc au début du XXème siècle, Pierre Noël précise que celle-ci «ressemblait fort à un crépuscule au pays du soleil couchant». Ceci se manifesta par la désagrégation de la société marocaine après la mort du sultan Moulay Hassan en 1884 et se cristallisa au niveau politique par la lutte pour le pouvoir qui opposa Moulay Abdelaziz à son frère Moulay Hafid. Cette crise endogène fut attisée par la pression étrangère européenne qui accéléra l’écroulement de «l’homme malade de l’ouest», pour reprendre l’expression de Charles-André Julien. C’est à la lumière de ce constat qu’il faut situer le débarquement, depuis le territoire algérien, des troupes françaises dans la Chaouïa en 1907. Cette action militaire qui, initialement, fut déclarée «essentiellement provisoire», se transforma rapidement pour constituer le prélude d’une guerre coloniale, appelée pudiquement pacification.
Par Mohamed Lmoubariki
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