Retour sur des fragments de la vie et du parcours de Fatéma Mernissi, un personnage complexe que personne n’est près d’oublier.
Dans l’atelier de l’artiste Abdellah Hariri, je rencontre en 1985 une jeune femme, qui venait lui demander de réaliser la couverture d’un livre. Il s’agissait de la directrice de la jeune maison d’édition Le Fennec, Laïla Chaouni, et du livre «Sexe, Idéologie et Islam» de Fatema Mernissi. Je savais que l’auteure était professeure de sociologie à l’université Mohammed V à Rabat, mais je ne lui connaissais pas encore de livres en langue française (j’allais apprendre par la suite que ce même livre avait déjà été publié en France en 1983). Je savais qu’elle avait publié un livre en anglais ; «Beyond the veil : male-female dynamics in modern Muslim», qu’on pourrait traduire par «Au-delà du voile : la dynamique homme-femme chez les musulmans moderne», qui fut à l’origine une thèse que l’auteure avait soutenu aux états-Unis ; mais aucune autre publication.
Je ne la connaissais pas personnellement, je n’avais aucune idée sur son parcours, je savais, par contre, qu’elle n’arrivait pas à s’intégrer dans la rigidité du système universitaire marocain de l’époque. On me disait qu’elle cherchait de la liberté dans l’enseignement et dans l’approche sociologique, que certains de ses collègues qualifiaient, non sans ironie, de «nouvelles manières américaines». De mon côté je voyais dans son travail, surtout dans «Sexe, Idéologie et Islam», une tendance que je comprenais, mais que je ne partageais pas ; celle de s’appuyer sur un certain structuralisme doublé d’une critique féministe de la psychanalyse, que je trouvais assez gratuite par moment.
Par Moulim El Aroussi
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