Le fondateur de la dynastie des Almohades est taxé par certains historiens contemporains de «Daechien», dans sa pratique d’un islam rigoriste, violent, radical, qu’il a utilisé pour arriver au pouvoir, détrôner les Almoravides et ouvrir une nouvelle page de l’histoire de l’empire marocain. Enquête sur une étiquette qui colle à un des grands personnages de notre histoire.
Il y a l’histoire, les faits du passé, et ce qu’on retient aujourd’hui. Souvent, le dernier volet, celui de la perception, de l’interprétation, l’emporte sur la vraie histoire. Ceci s’applique à merveille au personnage de Mehdi Ibn Toumert (1080-1130), de son projet de prise de pouvoir, de l’idéologie qu’il prêchait et des premiers fondements qu’il a donné à la dynastie des Almohades. Qualifié depuis toujours de grand personnage de l’histoire du Maroc, voire du monde musulman, Muhammad Ibn Toumert de son vrai nom a connu ces dernières années un sort peu reluisant. Certains historiens le qualifiant de «Daechite», dans son idéologie et sa doctrine, dans sa pratique de l’Islam, mais aussi dans les moyens utilisés pour détrôner les Almoravides. Et l’image qu’on s’en fait aujourd’hui se résume à cela : un personnage qui est venu troubler avec son idéologie radicale la «dolce vita» de l’ère des Almoravides, où les femmes se dévoilaient, l’alcool et le porc étaient en vente libre sur les étalages et les marchés, où chrétiens, juifs et musulmans vivaient en paix. Et où les sultans Almoravides laissaient leur garde prétorienne chrétienne faire ce qu’elle voulait dans les villes marocaines…
Une «Madina Fadila» détruite par un personnage sombre, violent, porteur d’un Islam radical, se proclamant Mehdi (ou «messie»), pour instaurer un nouvel ordre, rétablir la loi de Dieu sur terre.
Par Mehdi Michbal
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