Abderrahim Berrada : L’avocat des opprimés
Comme un symbole, Abderrahim Berrada est mort un 20 février, celui de l’année écoulée. Souvent en première ligne des luttes contre l’injustice et défenseur de la démocratie au Maroc, l’avocat laisse un vide difficile à combler. Disparu à l’âge de 83 ans, celui qui était aussi un militant en faveur des droits humains aura marqué de son empreinte les grands procès des années de plomb. Abderrahim Berrada s’était confié à Zamane (numéro 80) dans un long entretien où il raconte son parcours, ses amitiés avec Mehdi Ben Barka ou Omar Benjelloun, et les épreuves qu’il a du affronter, notamment lors des procès historiques d’Ilal Amam ou encore à la défense d’Abraham Serfaty. Maître Berrada laisse aussi en héritage un livre, «Plaidoirie pour un Maroc laïque», paru en 2019.
Pelé : Souvenirs marocains d’un roi éternel
Il était le roi du peuple football et aura attendu la fin de la grande messe mondiale du ballon rond pour tirer sa révérence. Edson Arantes do Nascimento, dit Pelé, est mort le 29 décembre à Sao Paulo au Brésil, à l’âge de 82 ans. La légende, unique triple champions du monde avec la sélection brésilienne (1958, 1962 et 1970) ,aura marqué le monde qu’il aura sillonné tant avec l’équipe nationale qu’avec son club de toujours, le FC Santos. C’est avec ce dernier que le roi du Football va visiter le Maroc dans le cadre d’un match exhibition en avril 1975. Pelé profite de cette occasion pour rendre hommage à la légende marocaine Larbi Ben Barek, comparé à un «dieu» selon les termes du roi du football. Le défunt a évoqué, quelques jours avant sa mort, l’exploit des Lions de l’Atlas, demi finaliste de la coupe du monde au Qatar en écrivant : «Je ne pouvais manquer de féliciter le Maroc pour l’incroyable parcours. C’est super de voir l’Afrique briller».
Abdellatif Mansour : Le cœur et la plume
L’un des pionniers du journalisme militant a fini par poser la plume. Abdellatif Mansour a en effet rendu l’âme le 9 septembre à Casablanca et à l’âge de 73 ans. Depuis longtemps en lutte contre la maladie, Mansour aura marqué non seulement la profession de journaliste mais aussi le milieu syndical dans lequel il était très tôt investi. Militant au sein de l’UMT (Union Marocaine du Travail), il met son talent d’écriture au service de la publication «l’Avant-garde», organe de la centrale syndicale. Ces dernières années, Abdellatif Mansour était attentif à l’évolution des médias au Maroc et a soutenu et accompagné l’essor de Zamane dont il était proche.
Driss El Khoury : L’envol du rebelle
Driss El Khoury est naturellement de la trempe d’un Mohamed Choukri ou d’un Mohamed Zefzaf. Il fait partie des derniers autodidactes, génies de la littérature marocaines. L’écrivain et journaliste a dit adieu à ses lecteurs et admirateurs le 14 février dans la ville de Salé, à l’âge de 83 ans. Sa plume incisive et impertinente a produit des nouvelles parmi les plus lues et populaires de son temps. Ses écrits font brillamment replonger dans les affres de Casablanca des années 1960, dressant une radioscopie poignante des Marocains les plus déshérités. Driss El Khoury, par la seule force de son esprit, s’est finalement taillé une place de choix dans le panthéon de la littérature arabophone marocaine.
Maria Rosa de Madariaga : L’amie intègre
Elle est, en Espagne, la grande référence dans l’histoire du Maroc et plus particulièrement celle du Rif. Maria Rosa de Madariaga s’est éteinte le 30 juin à l’âge de 85 ans. Historienne engagée contre l’impérialisme et l’idéologie néocoloniale, elle se distingue en Espagne par ses publications tranchantes et ses prises de position audacieuses, notamment sur la question de la guerre du Rif. Diplômée en langue à la Sorbonne, et en littérature et civilisation arabe de l’Institut des langues et civilisations orientales de Paris, Maria Rosa de Madariaga avait une parfaite maîtrise du français, ce qui lui a permis une longue et fructueuse collaboration avec le magazine Zamane, qui perd là une experte de talent et aussi une amie.