Au tout début du VIIIème siècle, alors que l’Islam n’en est qu’à ses premiers balbutiements au Maroc, des troupes arabo-amazighes pénètrent le territoire de la France actuelle. Loin du récit vedette de la bataille de Poitiers, ces musulmans se sont installés durablement sous le regard impuissant des Francs. Détail d’une histoire passée aux oubliettes…
C’est aujourd’hui une fierté des mouvements identitaires français. L’expansion musulmane dans le sud de l’Europe médiévale s’est brisée nette sur les Pyrénées, soit l’actuelle frontière entre la France et l’Espagne. Cette narration très idéologique promeut un récit linéaire avec, pour point d’orgue, la fameuse bataille de Poitiers en 732. Charles Martel, figure militaire des Francs, devient le porte-étendard de cet exploit qui dépasse, et de loin, le cadre d’une tension régionale. Le combat contre les musulmans devient à cette époque un enjeu civilisationnel, au point que le Pape fait de Charles Martel le champion de la chrétienté. Pourtant, la victoire de Poitiers sur l’émir Omeyyade Abderrahmane, chef indiscuté d’Al Andalus (730-732), ne signifie pas le retrait des troupes musulmanes au-delà des Pyrénées. Si la bataille de Poitier est restée dans les annales, elle a également mis dans l’ombre une longue et discrète présence andalouse au sud du royaume Franc. Une histoire qui débute en même temps que le débarquement en Ibérie. Lorsque Tarik Ibn Zyad franchit le détroit de Gibraltar en 711, les territoires au nord des Pyrénées lui sont encore complètement inconnus. À peine cinq années plus tard, les troupes musulmanes s’emparent pourtant de la localité aujourd’hui française de Narbonne. Ils y demeurent plus d’un demi-siècle.
Par Sami Lakmahri
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