Sur bien des aspects, le cours de l’Histoire d’Al Andalous influence celui du Maroc. C’est aussi le cas du sort de la bibliothèque des souverains marocains. Alors que l’implacable offensive chrétienne en péninsule ibérique s’intensifie au cours des XIIIème et XIVème siècles, de nombreux lettrés, qu’ils soient auteurs, secrétaires ou traducteurs, prennent donc le chemin de l’exil et certains d’entre eux se retrouvent au Maroc. Les Saadiens, qui prennent le contrôle politique du pays en 1554 en bénéficie et vont même multiplier la collection de manuscrits royaux. Un sultan en particulier consacre ressources et énergies à faire de sa ‘khizana’ l’une des plus prestigieuses de son temps. Ahmed El Mansour Addahbi (1578 – 1603) ne ménage en effet pas ses efforts selon le témoignage contemporain de l’historien marocain Mohamed El Saghir El Ifrani : «Il était grand amateur de livres et cherchait à se les procurer de tous côtés. Sa collection était la plus précieuse qu’en eût jamais formée avant lui et, depuis cette époque, personne n’en a possédé une semblable. Il avait lu en entier la plupart de ses livres qu’il avait couverts d’annotations de sa main, soit pour en signaler les pensées profondes, soit pour en expliquer les passages difficiles». À sa mort, le brillant sultan laisse donc en héritage une bibliothèque riche de plusieurs milliers de références. Hélas, une grande partie de ce trésor inestimable est aujourd’hui à Madrid, volée par des marins espagnols à l’ère du sultan Moulay Zidane (1613-1627).
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