Il n’y a donc pas si longtemps, moins d’un siècle… La dernière grande famine au Maroc date en effet de la seconde guerre mondiale, à l’heure où le Protectorat imposait, dans le cadre de la politique du rationnement en «soutien» à la Métropole en guerre puis occupée par les Allemands, de sévères restrictions à la consommation alimentaire. Alors que la plupart des grandes famines au Maroc sont dûes à la sécheresse ou aux épidémies, celle-ci n’est du ressort que de la politique. Le professeur Boujemaâ Raouyane, un des rares à avoir étudié l’économie marocaine pendant la seconde guerre mondiale, affirme dans ses publications que malgré «une pluviométrie record enregistrée en 1940, 1941 et 1942 et une production de céréales à son apogée», les Marocains sont victimes d’une catastrophe d’une échelle sans précédent au XXème siècle. Les chiffres officiels du Protectorat font état de 200.000 victimes. Pour le chercheur marocain, «la seule année 1945 compte plus de 300.000 morts». L’un des rares recours est de migrer vers des régions bien spécifiques : les zones de débarquement américain, qui sont moins touchées car les soldats offrent des provisions à la population.
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