Si l’attention est légitimement captée par le sort des sinistrés de la montagne, ceux du quartier Mellah de Marrakech méritent aussi la compassion. L’ancien quartier juif de la capitale du Haouz est la principale victime de la secousse du 8 septembre dernier. Zamane dresse l’état des lieux.
Les touristes sont alpagués par les restaurateurs de la place des ferblantiers. D’autres sirotent un thé à la menthe, attablés dans ce bel écrin du centre ville de Marrakech. Une scène ordinaire dans le quotidien de la ville ocre, secouée, le 8 septembre 2023, par le plus fort séisme jamais enregistré dans la région. Les conséquences sont visibles à peine quelques mètres derrière cette place, pourtant muette sur le drame qui s’est abattu sur le quartier mitoyen du Mellah. Sur la route serpentée qui y mène, deux touristes japonais, interloqués, se tiennent face à une porte majestueuse, mais close. Ils se rapprochent pour lire un message grossièrement placardé sur une feuille A4 : «Le Palais Bahia est fermé», laconique et inhabituel pour la haute saison touristique.
Interrogé à ce sujet, le gardien du site nous confirme que c’est bien à cause du séisme que ce palais du XIXème siècle, très prisé des touristes, est inaccessible : «Les travaux n’ont pas encore commencé et je ne sais pas quand nous rouvrons cette porte». Malgré l’insistance pour y jeter un rapide coup d’œil, l’homme en blouse bleue s’excuse : «On nous a demandé de ne laisser personne entrer, ce sont les instructions». Quelques dizaines de mètres plus loin, en longeant les remparts du Palais Bahia, la réalité des dégâts éclate au grand jour. C’est tout un pan du mur jouxtant celui du Palais qui est éventré, comme arraché par une main géante. Quelques débris jonchent encore l’étroit trottoir que les piétons évitent tant bien que mal.
Par Sami Lakmahri, envoyé spécial
Lire la suite de l’article dans Zamane N°155