Quand, comment et pourquoi le système électoral s’est-il imposé au Maroc ? Zamane vous raconte la longue et grande histoire de revendications démocratiques nées dans l’adversité du Protectorat.
Le système politique du Maroc précolonial était régi par une logique conservatrice. La légitimité des gouvernants, en l’occurrence celle des sultans, était d’essence divine ou charismatique. Mais sa consécration dans la réalité du pouvoir exigeait l’adhésion des acteurs politiques. Au XIXe siècle, la dynastie alaouite était déjà vieille de plus de deux siècles. Contrairement aux dynasties berbères, elle ne tirait pas sa légitimité de la force de sa base tribale, mais de sa généalogie chérifienne et de son histoire. Elle s’est instituée en autorité centrale, négociant et gérant le pays avec d’autres acteurs, avec plus ou moins de bonheur. Pour autant, le système politique marocain précolonial n’était pas pyramidal à l’instar des modèles jacobins. En dépit de l’autorité centrale que représentait le Makhzen alaouite, le système marocain n’était pas hiérarchisé. Tout en reconnaissant la fonction centrale du Makhzen, les autres autorités, pour ne pas dire pouvoirs, avaient une large autonomie vis-à-vis de lui, surtout celles dont l’épicentre était relativement loin de celui du sultan.
Pour faire court, nous dirons que ces autres autorités étaient celles des tribus et des zaouïas. En période de stabilité politique, la légitimité du sultan, représentant de l’autorité centrale, est suprême. En phase de troubles, il y a remise en cause des fonctions et, surtout, de l’action politique de l’autorité centrale. L’acteur, ou les acteurs politiques, tribus ou zaouïas, sujets de cette remise en cause, empiètent sur les «territoires» du Makhzen. Le système marocain entre alors dans une phase de dysfonctionnements. Ce phénomène est appelé «siba». La siba ne dure qu’un temps, plus ou moins long, selon la complexité de la conjoncture. Au terme de cette phase, le système se réajuste et l’équilibre est établi de nouveau entre les acteurs : Makhzen, tribus et zaouïas.
Par Mostafa Bouaziz
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