Selon un courant plutôt libéral et réformateur, le monde arabo-musulman serait passé d’un islam des jouissances à un islam des interdits. Cette diachronie existe-t-elle réellement ? A-t-elle un fond de vérité ? Eléments de réponse.
Orient, patrie de la volupté, de l’amour et de la beauté. Terres d’Islam, paradis perdu de l’érotisme. Lorsqu’il s’agit d’évoquer les normes sexuelles des cultures arabo-musulmanes à travers le temps, on a tôt fait d’opposer un «islam des jouissances » pré-moderne à un « islam des interdits » postmoderne. Comme s’il n’y avait ni nuances, ni mouvements, ni dialogues. Comme si, aussi, on mélangeait les cultures et le fait religieux. Cette opposition binaire oppose en réalité les tenants de la « réhabilitation des cultures musulmanes » (édition, littérature, cinéma) désireux de « donner sa place à ce que ce courant perçoit comme d’universelles valeurs humanistes et libérales, en privilégiant dans le legs millénaire de cette civilisation une image supposée attirante pour le public occidental postmoderne » à un courant puritain et identitaire (activistes islamistes, Etats autoritaires, médias des pays musulmans) «prompts à réclamer une censure protégeant les ‘traditions’ culturelles contre la ‘corruption morale’ importée d’Occident».
Par Nina Kozlowski
Lire la suite de l’article dans Zamane N° 85