Alors que le sultan Ben Youssef est déporté vers son exil, Abdelhaï Kettani, chef de la confrérie Kettaniyia, sollicite les autorités du protectorat pour s’approprier le titre «Cheich al-Islam». Retour sur une énigme des dernières années du Protectorat…
Àchaque besogne sa rétribution. Après la déposition du sultan Mohammed V et sa déportation hors du Maroc le 20 août 1953, l’un des artisans du coup de force, le âlim et chef de la confrérie des Kettaniyine, Abdelhaï Kettani, demanda aux Français une contrepartie. Il voulait être placé auprès du «sultan» Ben Arafa et occuper une place éminente au sein du nouveau Makhzen. Il voulait surtout être institué «Cheikh al-Islam», un titre, dans l’islam sunnite, accordé au compte-gouttes aux érudits qui avaient une profonde connaissance de la religion musulmane.
Le soutien du contrôleur civil
Abdelhaï Kettani cherchait à faire de ce titre une fonction officielle de l’Empire chérifien et seconder, ainsi, le sultan dans les affaires spirituelles du pays. C’est par un courrier daté du 16 janvier 1954 et signé par le contrôleur civil de Fès, siège de la zaouïa kettania, que partit la proposition à la Résidence générale. «Le Chérif Si Abdelhaï Kettani m’a entretenu avec insistance, à plusieurs reprises, de son vif désir de se voir désigner comme Cheikh el-Islam», écrit le fonctionnaire français, qui fait une défense poussée et assez bien argumentée des prétentions du chérif, avant de conclure la fin de sa missive par une recommandation : «Les preuves récentes que Si Abdelhaï a données de son influence dans le monde rural Nord-Africain comme dans les milieux conservateurs des cités, constituent à mes yeux des éléments qui militent en faveur de son élévation à une haute dignité ou à un poste de choix dans le nouveau Makhzen chérifien. Aussi, ai-je l’honneur de demander que ma requête soit prise en particulière considération».
Par Adnan Sebti
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