Le professseur Abdelouahed Ismael, qui a dirigé le premier service de traumatologie-orthopédie au Maroc (Hôpital Ibn Sina, Rabat), vient d’éditer un livre témoignage passionnant, qui raconte le combat mené pour la reconnaissance de la discipline. Zamane en publie un extrait, qui en dit long sur le courage et la persévérance du praticien.
En 1971, mon épouse et moi avions déjà quatre enfants. Les finances de la famille étaient loin d’être confortables et ma récente intégration au CHU (Centre hospitalier universitaire, ndlr) était encore non éclaircie. C’est dans ces circonstances que survient un événement inattendu.
Le docteur Fadel Benyaich, médecin personnel du roi Hassan II, fut tué le 10 juillet 1971, lors du putsch de Skhirat. Plusieurs points communs nous rapprochaient. Nous étions tous les deux originaires de Tétouan, nous avions des liens familiaux, tous deux médecins ayant fait notre formation en Espagne et nos épouses espagnoles avaient de grandes affinités. Pour toutes ces raisons, il m’avait « adopté » dès mon retour au Maroc. Il avait commencé par me confier des missions : accompagner la famille royale dans certains voyages, me solliciter pour le remplacer pendant ses déplacements, m’adresser des patients en consultation. Il m’avait inscrit dans la liste des invités du palais lors des évènements nationaux. Il m’avait présenté à Hassan II et au prince Moulay Abdellah, à qui il avait proposé mes services lors de ses déplacements et voyages. Son rôle fut, d’ailleurs, déterminant pour mon affectation au CHU Ibn Sina de Rabat. Je comptais beaucoup sur son aide pour affronter les difficultés et surmonter les obstacles qui jalonnaient la procédure de mon intégration au CHU. Le jour du drame de Skhirat, j’y étais de bon matin. Fadel Benyaich m’avait demandé d’aller très tôt pour me présenter à sa majesté. Le roi, très détendu et affable, car fêtant son anniversaire, me fit l’honneur de prénommer mon quatrième fils, né quelques jours auparavant, de son propre prénom : Hassan.
J’avais quitté le palais avant la survenue du « drame » pour trois raisons : pour opérer une urgence que le dr Benyaich m’avait confiée ; pour une mission urgente auprès de médecins de l’hopital ; et pour pouvoir accompagner mon épouse lors de sa sortie de la maternité.
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