Hassan al-Wazzan, sa vision et son style, ont indiscutablement et profondément marqué tant le mouvement orientaliste que l’anthropologie et l’ethnographie coloniale.
Dans le manuel d’ethnographie (1926), Marcel Mauss donne ses directives aux ethnographes avant leur départ dans les colonies pour étudier les peuplades, dites non civilisées. Il leur recommande de tout observer: les comportements, les objets, la faune et la flore ; même un caillou peut être utile pour comprendre les cultures de ces peuples qui sont différents de l’Europe, leur précisait-il. Cinq siècles auparavant, Léon l’Africain semblait avoir mis en place les bases de cette démarche. Depuis le départ des Romains à l’avènement de l’Islam dans les vaste pays Tamazgha, l’Europe n’avait plus aucune information sur cette région. Mais, faut-il le préciser, les Romains n’occupaient que les côtes et les plaines en deçà des hautes montagnes de l’Atlas, et ne s’aventuraient que rarement dans le grand Sahara. Le livre de Léon l’Africain donne un aperçu plus ou moins précis du vaste territoire des Amazighs : de l’Atlantique aux confins du Nil et de la Méditerranée aux confins du fleuve Niger. La «description de l’Afrique» est un livre qui a été écrit pour le Pape Léon X, mécène de Hassan al-Wazzan, dit Léon l’Africain. C’est un livre de géographie culturelle, car ce qui est mis en avant, plus que les tracés géopolitiques, c’est la vie des Africains.
Par Moulim Elaroussi
Lire la suite de l’article dans Zamane N°126