Pour comprendre l’œuvre d’Ibn Batouta et lui donner sa juste place, en faisant la part des choses, il faut remonter aux circonstances très particulières de sa genèse.
Àl’époque, le plus célèbre des voyageurs marocains au Moyen Âge, alors âgé de 51 ans, est enfin de retour dans son pays natal. Son nom est sur toutes les lèvres. Curieux, le sultan mérinide désirait en savoir plus sur ces voyages et ces mondes lointains, il voulait les détails, les anecdotes, etc.
Le voyageur marocain atterrit donc dans la cour d’Abou Inan et commença à raconter son histoire, ou plutôt ses histoires. Même si on ignore sa durée exacte, cette phase de «narration», purement orale (Ibn Batouta devait s’exprimer dans un langage simple et imagé), a dû s’étaler sur une assez longue période.
Nous ne savons pas, non plus, si le sultan avait l’intention d’écouter Ibn Batouta uniquement pour le divertissement ou pour le renseignement. Sans doute les deux à la fois. Abou Inan était doublement intéressé et il chargea, d’ailleurs, le voyageur de repartir cette fois vers le Bilad Soudan (actuel Mali), dans le but d’enquêter sur l’état des routes commerciales, qui commençaient à l’époque à s’écarter du Maroc vers l’est. Ce qui eut des effets négatifs sur l’économie du pays.
L’histoire reste muette et ne nous dit rien sur les commentaires et les questions des personnes présentes dans la cour sultanienne, pendant les causeries d’Ibn Batouta. En tout cas, Abou Inan était fasciné par la narration d’Ibn Batouta, au point qu’il ordonna à l’un de ses scribes, Abou Abdallah Ibn Juzzay, de transcrire noir sur blanc le périple du voyageur.
Par Mohammed Yassir El Hilali
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