Elle s’est passée comme dans un rêve, cette histoire de rencontre avec un personnage qui allait devenir écrivain. Un moment que ma mémoire a complètement mis en veilleuse…
Mohamed Leftah qui ne faisait que passer dans ce bas monde, a été reconnu par le public en tant qu’écrivain un peu tardivement. Il était certes écrivain depuis son enfance, mais il fallait qu’il le déclare publiquement et il se trouvait que j’étais là. Quand un ami m’a offert «Demoiselles de Numidie», je ne savais pas qu’il s’agissait de ce monsieur sombre qui se cachait derrière ses lunettes, qui parlait à peine et que j’avais rencontré avec Edmond Amrane El Maleh. Je ne sais plus, malgré ma mémoire assez bonne. Je ne savais plus si cette rencontre avait eu lieu à Paris ou à Casablanca, où Edmond passait inévitablement lors de ses vacances marocaines. Il se posait quelques jours dans la ville blanche avant de continuer sur Essaouira.
J’avais un vague souvenir d’avoir rencontré ce personnage silencieux ; il l’était en tout cas au moment où il était devant moi. Il avait un regard pénétrant. Tapis derrière ses grosses lunettes, je le voyais scruter le monde avec une précision inouïe. J’avais l’impression que ses yeux regardaient à partir de ce gouffre profond des siècles passés. Il avait l’air de chercher à percer un secret là où se posait son regard. Il balayait des yeux, les tapis, les ustensiles, les livres, le sol, le plafond, les murs…
Par Moulim El Aroussi
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