Le Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO a approuvé le 6 décembre dernier la demande du Maroc à propos de l’inscription du ‘Malhoun’ dans la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Une reconnaissance dont l’écho résonne en prose…
La nouvelle a fait le tour des médias nationaux, et même un peu au-delà. Rare réaction pour une actualité d’ordre culturel. Mais il s’agit là d’un art particulier, porteur d’une part de l’identité culturelle et historique du Maroc. Le 6 décembre dernier, l’UNESCO a donc validé la proposition d’inscrire le « Malhoun », dans sa convoitée liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Une reconnaissance qui sonne comme une victoire au vu des efforts récents du Maroc à défendre et à promouvoir son patrimoine, tant matériel qu’immatériel. Et c’est bien sûr dans cette dernière catégorie que le « Malhoun » vient achever une année riche en la matière. À cette occasion, la Secrétaire générale du département de la culture, Samira Malizi, a exprimé au nom du Royaume du Maroc, devant les chefs de délégation participant aux travaux du comité «sa gratitude au Comité d’évaluation, aux membres du Comité intergouvernemental, ainsi qu’au Secrétariat de la Convention de 2003, pour l’inscription du Malhoun». Dans le dossier présenté devant le Comité de candidature de l’UNESCO, le Maroc avait prévalu de «la nécessité de préserver une expression poético-musicale marocaine ancienne» et de rappeler que «ce patrimoine musical est né dans la région de Tafilalet, dans le sud-est du Maroc, où il s’est d’abord développé au sein des zaouïas de la région, puis s’est progressivement répandu et a atteint les grandes villes, où il était principalement accueilli et interprété au sein des corporations d’artisans des villes anciennes». Il faut remonter au XIIème siècle pour repérer le transfert du « Malhoun » depuis Al Andalous vers le Maroc. Il est fait mention par l’historien Ibn Khaldoun (XIVème siècle) qui en parle dans sa célèbre «Moukaddima» sous l’appellation «Aroud al balad» et dont il prête la paternité à un poète andalou du nom d’Ibn Umayr. L’art de cette poésie chantée trouve au Maroc un terreau fertile, tant il se répand dans toutes les villes impériales jusqu’à son âge d’or au XVIème siècle. A Meknès, une première école consacrée à l’apprentissage du ‘Malhoun’ ouvre ses portes à l’aube de l’avènement des Alaouites. Outre sa portée artistique, le « Malhoun », chanté en arabe dialectale et en hébreux, joue un rôle social dont la portée n’a pas échappé aux experts de l’UNESCO. Dans sa communication à ce sujet, l’organisation onusienne définit une «alliance de chant, théâtre, métaphore et symbolisme dans un langage accessible et une ambiance festive» et loue «un impact considérable sur la culture et la mémoire collective marocaine pendant des siècles» en insistant sur un «art collectif, qui favorise la cohésion sociale et la créativité tout en offrant un témoignage historique sur les questions sociales à travers les siècles». Longtemps menacé de disparition pure et simple, le « Malhoun » s’offre ainsi une véritable renaissance et plus encore, une place indélébile dans l’identité nationale.