Mercredi 26 juin dernier, l’institution «Archives du Maroc» recevait, lors d’une discrète cérémonie dans ses locaux à Rabat, son homologue israélienne. Un mémorandum d’entente entre les deux institutions a été signé en présence de David Govrin, ambassadeur d’Israël au Maroc. Zamane en a profité pour lui demander de réagir à la riche actualité entre les deux pays…
L’accolade est franche et sincère. Jamaâ Baïda, patron des Archives du Maroc, et Ruti Avramovitz, directrice des Archives d’Israël, se réjouissent du partenariat qu’ils viennent de sceller en cette matinée du 26 juin dernier. Dans la foulée de la reconnaissance par l’état hébreu de la marocanité du Sahara Occidental, les échanges entre les deux pays ont repris de plus belle. Celui qui concerne les Archives revêt un caractère particulier pour Jamaâ Baïda, qui nous explique en aparté qu’«un pan très important de l’histoire du Judaïsme marocain se trouve en Israël. L’accord que l’on vient de signer est un moyen de le découvrir et d’en profiter».
Depuis plusieurs années déjà, le royaume est en quête de reconstituer son patrimoine juif, reconnu comme partie intégrante de l’identité marocaine depuis 2011 et la parution de la nouvelle Constitution. Le partenariat avec les Archives Israéliennes vient ainsi élargir les champs de la recherche, jusque-là cantonnés aux sources du Centre des archives diplomatiques du ministère français des Affaires étrangères, du Mémorial de la Shoah également basé à Paris et ceux de l’Alliance israélite universelle.
Avec cet accord, les chercheurs des deux pays peuvent désormais exploiter les Archives : «La plupart sont déjà numérisées et disponibles sur internet», nous précise Ruti Avramovitz. Mais ce n’est pas tout, le partage se fait aussi en matière de savoir-faire et de technologies. «Les progrès réalisés par Israël en matière de gestion des archives par une technologie très avancée sont indéniables. Ils sont devenus une référence dans le monde et il s’agit pour nous de bénéficier autant que faire se peut de cette expertise», nous précise le directeur des Archives du Maroc.
Son homologue israélienne n’est pas en reste. Dans son allocution, Ruti Avramovitz exprime sa fierté d’entamer «le premier jalon d’une solide coopération pour la préservation de la mémoire commune et la dissémination de la connaissance dans le but de construire un monde meilleur». À Zamane, elle précise que «le Mémorandum d’entente est un moyen efficace d’échanger les savoirs entre les institutions des Archives. Mais celui signé avec le Maroc a un sens symbolique plus fort encore pour moi. C’est ma première visite dans le royaume et je viens rencontrer non seulement des collègues, mais aussi des amis».
Une visite qui tombe à point et qui se fait «sous d’excellents auspices», déclare Baïda lors de son allocution face à un public volontairement clairsemé. Le haut fonctionnaire marocain précise que la relation entre les deux pays s’est «renforcée» depuis la reconnaissance officielle par Tel Aviv de la marocanité du Sahara le 17 juillet dernier. Désormais, le potentiel de collaboration entre les deux pays est en phase d’atteindre sa plénitude.
Une situation dont se réjouit David Govrin, ambassadeur d’Israël au Maroc, présent lors de la cérémonie de signature du Mémorandum d’entente. Pour lui, la question des Archives n’est pas un détail. Il explique à Zamane que «cette initiative marque un nouveau chapitre dans les relations entre les deux pays, ouvrant la voie à un échange mutuel d’expertise et de connaissances archivistiques. Elle témoigne de la volonté des deux parties de promouvoir la préservation de leur patrimoine historique et culturel commun, ainsi que de faciliter l’accès aux documents d’archives pour les chercheurs et le grand public». Pour lui, la coopération dans tous les domaines «promet de favoriser la compréhension mutuelle et le dialogue entre le Maroc et Israël, tout en consolidant les liens bilatéraux dans le domaine de la préservation et de la valorisation de leur histoire commune».
Par Sami Lakmahri