Repérables à tous les coins de rue, à midi comme à minuit, les petits taxis font partie de la vie quotidienne des Casablancais. Retour sur 60 ans du moyen de transport le plus populaire des habitants de la ville blanche.
Les taxis rouges sont l’âme de Casablanca !, assure, sans broncher, Qassem. La soixantaine, la moustache grisonnante, les lunettes en forme de loupe, ce chauffeur de petit taxi semble sortir tout droit des albums des glorieuses années de la Résistance. Contrairement à bon nombre de ses confrères, Qassem ne pestifère pas. Il constate. « Les chauffeurs de taxi ne sont plus aussi respectés qu’avant, ni par les autorités, ni par les clients », tonne-t-il, naturellement nostalgique. Mais il est surtout en colère contre ses confrères qu’il juge indignes du métier de chauffeur de taxi. Mal fagotés, impolis, manquant de savoir-faire… Qassem ne tarit pas de reproches à l’égard de ses jeunes confrères. Mais alors, à quoi ressemblaient les premiers chauffeurs de taxis, les pionniers, ceux qui justement bénéficiaient de ce savoir-faire ? Pour répondre à cette question, une petite rétrospective s’impose. Contrairement à une idée assez répandue, ce sont les grands taxis qui, en premier, ont fait leur apparition à Casablanca. Il s’agissait alors d’automobiles principalement concentrées autour du Marché central et destinées au transport d’Européens. Qu’en était-il des Marocains ? Compte tenu du fait que la majorité des Marocains vivaient dans l’ancienne médina au temps du protectorat, les cochers avaient donc valeur de taxi. Les grands taxis ne pouvaient alors sillonner à travers les étroites artères de l’ancienne ville. Un arrêté municipal, daté de 1933, encadrait la profession de cocher. Un travail occupé pendants longtemps par les Marocains de confession juive. À l’époque, les Marocains souhaitant exercer ce métier devaient obtenir ce qu’on appelait le «permis de cocher et de voiture», délivré par les autorités coloniales.
Par Reda Mouhsine
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