Le règne de Moulay Hassan, dit Hassan 1er (1873 – 1894) a été décisif. Le sultan abattit ses dernières cartes pour tenter de préserver la souveraineté du royaume. Zamane revient sur cette transition qui est aussi celle, ô combien difficile, entre une tradition archaïque et une modernité attrayante mais porteuse de tous les dangers.
L’argent n’est pas seulement le nerf de la guerre, il est également celui de l’expansion coloniale et de l’impérialisme. Le système bancaire européen connaît, à l’époque, des mutations inédites. Le crédit devient le maître mot de cette structure financière. Les banques d’affaires et celles de dépôts vivent un essor vertigineux. Pour ne citer qu’un exemple, la Banque de Paris et des Pays-Bas (Paribas depuis 1982) pousse son cri de naissance en 1872, soit à la veille du règne de Moulay Hassan. Justement, cette banque aura à partir de cette date un avenir tout tracé dans le Royaume chérifien. Moulay Hassan voit enfin en 1884 la dette contractée par son père, pour honorer notamment le tribut de la guerre de Tétouan, épongée une bonne fois pour toutes. Mais, n’était il pas déjà trop tard?
Le Maroc de Moulay Hassan est déjà dans une spirale infernale. Un destin analogue à tous les pays musulmans commence à se dessiner. L’endettement inconditionnel. L’Egypte, la Tunisie, l’Empire ottoman, pour alimenter leurs réformes, sont sous perfusion. Le capital européen, vent en poupe, biberonne les économies rudimentaires. L’exigence de rembourser est, dans le dernier quart du XIXème siècle, à son comble. Moulay Hassan va très vite réaliser que pour jouir d’une indépendance relative, il faut résoudre l’équation économique et financière. C’est en effet ce qu’il accomplit à partir de 1885 avec un tour de main génial ; la création du douro hassani. L’avenir chérifien, comme son climat, s’ensoleille.
Par Farid Bahri
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