La « romanisation » du Maroc a été tardive, comparée à celle du reste de l’Afrique du Nord. Elle a surtout été partielle et très relative… Il n’empêche qu’elle a existé, et qu’il en reste des traces.
L’histoire du Maroc romain s’est globalement arrêtée à la fin du IIIème siècle, même si des bribes ont persisté au moins un siècle plus tard. Celle des Idrissides, qui marque le début de l’histoire officielle du Maroc tel qu’on le connait aujourd’hui, ne démarre qu’à la fin du VIIIème siècle. Entre les deux, cinq siècles d’histoire, dont on ne sait pas grand-chose. C’est à peine si on signale le passage des Vandales, ensuite des Byzantins, dont il ne persiste à peu près aucune trace…
À leur arrivée au Maroc, dans le début du XXème siècle, les Français, hommes politiques comme intellectuels, ont défendu l’idée suivante : le Protectorat renoue avec la mission civilisatrice au Maroc, qui s’est arrêtée avec le départ des Romains. Une mission inachevée, donc. Une simple vue de l’esprit ? Ceux qui défendaient ce postulat cherchaient avant tout à légitimer le Protectorat. Ils se positionnaient eux-mêmes comme héritiers de la civilisation gréco-romaine, morte avec la chute de l’Empire romain et ressuscitée, des siècles plus tard, avec la renaissance qui a balayé l’Europe à la fin du Moyen Âge.
Par Karim Boukhari
Lire la suite de l’article dans Zamane N°110 (Janvier 2020)