Incapable d’assurer la sécurité et la souveraineté de Oued Eddahab, quatre ans après en avoir pris la responsabilité, la Mauritanie se retire de ce territoire à l’été 1979. Déjà sur place, l’armée marocaine ne tarde pas à l’investir. Pourquoi la Mauritanie s’est-elle brutalement désengagée et comment le Maroc en a pris possession ? Retour sur une partie d’échec géante…
Hassan II est de très bonne humeur. Sourire vissé au coin de la bouche, le corps léger, il s’amuse presque à distribuer des cadeaux à ses invités, comme s’il s’agissait de fourniture scolaire à quelques enfants défavorisés. À la différence que ces dons sont des kalachnikovs et d’autres armes légères dernier cri, et que les heureux bénéficiaires sont des notables sahraouis drapés dans leurs habits traditionnels. Cette distribution, comme l’ensemble de la cérémonie, est surtout symbolique. Les armes du souverain marquent l’assurance de pouvoir se protéger des agressions extérieures et, plus largement, de compter sur la protection de l’armée marocaine.
Cette scène se passe à Dakhla, à l’occasion de la célébration de la Fête du Trône le 4 mars 1980. Six mois auparavant, les représentants de la population de Oued Eddahab ont officiellement signé l’allégeance au trône marocain, entérinant, aux yeux du royaume, leur rattachement au Maroc. Une finalité arrivée au bout d’un long processus et de son lot de rebondissements. Aujourd’hui parfaitement intégrée dans les provinces du sud, la région a vu pourtant son sort longtemps indécis. Cible coloniale précoce, elle est déclarée par les Espagnols «Protectorat» en décembre 1884.
Par Sami Lakmahri
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