Durant une brève mais intense période, les territoires du Maroc et d’al-Andalus se retrouvent sous la même autorité, celle des dynasties amazighes Almoravides et Almohades, entre le XIème et le XIIIème siècle. Ce puissant empire permet un échange soutenu de population et de savoirs. Aperçu d’un empire éphémère à cheval sur les deux rives…
Selon la légende, Tariq Ibn Zyad, le général musulman parti à la conquête de la péninsule ibérique en 711, exhorte ses troupes à ne pas se retourner derrière eux au moment fatidique de traverser le détroit qui porte aujourd’hui son nom. Une manière de les galvaniser afin de mener à bien leur campagne militaire. Mais l’évocation de la tenaille entre la mer et l’ennemi est aussi l’image d’une coupure, d’un voyage sans retour. Si les premiers musulmans arrivent à s’emparer de la péninsule ibérique, ils devront donc y être autonomes et sans attaches. Ils feront bien plus que cela. En quelques années, c’est carrément un califat qui va régner sur le sud de l’Europe et qui fait émerger une civilisation bien en avance sur son temps. Pendant que le monde assiste médusé à ce formidable essor, le sud de la rive méditerranéenne baigne encore dans l’instabilité politique et religieuse. L’islam et la langue arabe ne s’imposent pas partout et seule la dynastie Idrisside (789-985) parvient à unifier une petite partie du Maroc actuel.
À la fin du premier millénaire, le gouffre qui sépare les deux rives est bien plus grand que ne le suggère l’étroit détroit entre les deux continents. Dans ce contexte, les autorités politiques du Maroc n’ont évidement aucune légitimité, ni droit de regard, sur les affaires d’al-Andalus.
Par Sami Lakmahri
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