Plutôt que de reprendre l’expression des siècles obscurs, il faudrait davantage s’appuyer sur les séquences obscures, qui furent nombreuses, et parfois plus récentes qu’on ne le pense. Décryptage.
Nous devons l’expression de «siècles obscurs» à E. F. Gautier, dans un travail intitulé «Le passé de l’Afrique du Nord», paru la première fois en 1927, et repris en 1937. L’auteur, parfois farfelu et peu rigoureux, mais néanmoins intuitif, réfère, entre autres, à cette séquence qui a duré dix siècles, qui renvoie à la phase phénicienne, et qui, de par sa longévité, ne peut ne pas marquer l’Afrique du Nord, et conséquemment le Maroc. Mais sur cette séquence, nous ne connaissons que la dernière phase, celle des guerres puniques qui se sont soldées par la chute de Carthage et le témoignage qui a en été fait par les Romains. Que peut-on attendre d’un rival qui avait maille avec son adversaire, dont l’idéologie consistait, comme le pérorait Caton : «Il faut détruire Carthage (Delenda Carthago)». Et pourtant cette séquence a profondément marqué l’Afrique du Nord, politiquement et culturellement. Comment peut-on comprendre l’arabisation de l’Afrique du Nord, lors de l’islamisation, comme le dit Stéphane Gsell dans son monumental travail sur l’histoire de l’Afrique du Nord, sans avoir à l’esprit la phase phénicienne qui a préparé l’Afrique du Nord à la culture sémite ?
Par Hassan Aourid
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