C’est dans les steppes sahariennes et les hauteurs désolées du Haut-Atlas occidental, qu’a eu lieu, en mars 1973, dans un froid glacial, le combat le plus chaud entre l’opposition et la monarchie. Rien ne sera plus comme avant, dans ce combat tripartite entre monarchie et UNFP, par armée interposée.
Les conséquences des événements de Moulay Bouazza, en 1973, sont nombreuses et importantes à la fois. Dont une en particulier : la naissance d’un nouveau paysage politique marocain. On est plus l’enfant de son temps, comme disait l’historien Marc Bloch, que le fils de ses parents. Le texte historique, c’est-à-dire l’action, est toujours conditionnée par le contexte, et le reste n’est que prétexte. Panarabisme, socialisme, ne sont dans le duel autour du pouvoir, au lendemain de l’indépendance, entre la monarchie et l’aile moderne du Mouvement national, que des expédients. Ces deux segments devaient faire, voire gagner, une composante qui forme le troisième côté du triangle du pouvoir, à savoir la technostructure et sa charpente, l’armée. Mais la technostructure avait, au lendemain de l’indépendance, un problème de légitimité, et devait mettre en exergue la monarchie pour se racheter, tout comme celle-ci devait s’appuyer sur elle pour s’affirmer. Avec Hassan II, technostructure et monarchie s’étaient agrégées par différenciation au Mouvement national, ou son aile avant-gardiste, l’UNFP. 1973 était le combat ultime, qui débouchera sur un nouveau paysage, une nouvelle donne et de nouvelles règles.
La configuration du pouvoir se présentait sous forme du Triangle des Bermudes, qui a dégénéré en plusieurs soubresauts avant de se tasser, après l’éruption de 1973, à la faveur de la sainte alliance autour du Sahara. Le triangle s’est délité, ou s’est enfoui comme un cours d’eau dans le Sahara.
Par Hassan Aourid
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