À la mort du sultan Moulay Ismaïl en 1727, le Maroc plonge dans une période trouble où l’existence même de l’état est mise en péril. À un grave conflit de succession qui tourne en guerre civile, s’ajoute une crise économique et démographique qui met le pays à genoux. Autopsie d’une période chaotique qui dure trois longues décennies…
Des guerres tribales incessantes, des dépositions de sultans devenues banales, l’insécurité, la misère, la famine et même la peste. Entre 1727 et 1757, le Maroc traverse peut-être la pire période de son histoire. Un scénario brutal qui tranche pourtant avec le retentissant rayonnement du pays sous la poigne de Moulay Ismaïl. Maître indiscuté du royaume durant son long règne (1672-1727), ce dernier a en effet réalisé l’exploit de faire rayonner le Maroc comme rarement auparavant. Grâce notamment aux activités de la course, le sultan a su faire exister son pays dans le concert des nations, au point de traiter d’égal à égal avec de puissants souverains tels que le Français Louis XIV. Infatigable voyageur, il a réduit le bled Siba (dissidence) au profit d’une autorité centrale devenue incontestée à la fin de son règne.
À ce titre, les voyageurs occidentaux, y compris les plus critiques, louent la sécurité des routes du territoire chérifien. Une stabilité renforcée par une armée «professionnelle» composée de soldats-esclaves et qui ne répondent qu’à l’autorité du sultan, confortant ainsi celle du Makhzen.
Par Sami Lakmahri
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