En 2020, plus de 13.000 Marocains ont été poursuivis pour relations sexuelles hors-mariage. Nous sommes face à un authentique phénomène de société dont l’origine, le fameux article 490, reste cependant étrange, voire énigmatique. D’où vient cet article ? Comment faisaient nos ancêtres au fil des siècles ? Quel aura été le rôle du Protectorat ? Loin des clichés et des idées reçues, Zamane a mené l’enquête.
De tous les cas que nous avons suivis au «Collectif 490», le plus bouleversant a été indéniablement celui de K., une jeune femme de Boujdour qui a fait confiance et aimé un homme qui lui a promis le mariage et dont elle est tombée enceinte. Lorsqu’il l’a appris, cet homme a abandonné K. à son sort. Celle-ci s’est alors tournée vers la justice, convaincue (à tort) qu’il serait poursuivi pour sa trahison et pour reconnaître l’enfant qu’elle portait. La réponse de la justice fut de la condamner, elle, K., à deux mois de prison ferme sur le fondement notamment de l’article 490 du Code pénal, qui punit d’un mois à un an de prison, toute personne qui s’adonne à des relations sexuelles en dehors du lien du mariage. À sa sortie de prison, après avoir purgé la totalité de sa peine, K. se suicide.
Si les histoires de femmes abandonnées enceintes sont malheureusement courantes de tous temps et en tous lieux, sommes-nous si cruels au Maroc au point, en plus, d’envoyer ces femmes-là en prison ? Il faudra remonter le temps pour découvrir quand et comment des situations comme celle de K. sont devenues possibles au Maroc et, par conséquent, comment réparer ces injustices.
Une réforme signée… Ben Arafa
L’histoire de l’article 490 est intimement liée à l’histoire du Code pénal lui-même qui le contient. Ayant été introduit sous le Protectorat, nous allons nous intéresser d’abord à cette période avant de sonder l’histoire plus lointaine de notre pays pour découvrir comment, au fil de l’histoire, les relations sexuelles hors mariage étaient traitées juridiquement.
Par Ghizlane Mamouni
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