L’excitation monte dans le monde de la paléoanthropologie. Une étape importante de la compréhension de l’évolution humaine est sur le point d’être dévoilée grâce à une récente découverte près d’Essaouira. En attendant une officialisation, Zamane vous livre les premiers faisceaux d’indices…
« Nous sommes ici à Essaouira, sur une terre qui a marqué l’évolution de l’espèce humaine. Une découverte dont l’annonce sera faite bientôt viendra le conforter« . André Azoulay, lors d’une allocution prononcée le 23 juin dernier dans le cadre du Festival Gnaoua, fait une annonce fracassante. Il promet que les terres de sa ville natale seront au centre des recherches sur l’Histoire de l’homme moderne. Au même moment, le ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mohamed Mehdi Ben Saïd accompagne une délégation d’archéologues dans la grotte de Bizmoune, à une vingtaine de kilomètre de l’ancienne Mogador. Nul doute que quelque chose d’important se trame dans les sous sol d’une région que l’on sait déjà habitée par les Homo Sapiens il y’a des centaines de milliers d’années. Pour autant, la nature de la découverte demeure un secret encore bien gardé par les comités scientifiques en charge de la valider. À peine quelques jours plus tard, l’INSAP (Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine) publie un communiqué faisant état de la découverte, dans la région de Rhamna, de pas moins de « 44 sites nouveaux sites archéologiques dont certains ont été attribués à la période du « Paléolithique moyen », datée entre 300 000 et 22 000 ans au Maroc». La multiplication d’annonces de découvertes importantes dans la région est-elle simplement le fruit du hasard ?
La question a été posée au professeur Abdeljalil Bouzouggar, directeur de l’INSAP et par ailleurs auteur de la principale découverte dans les grottes de Bizmoune, où les plus anciennes parures connues de l’homme ont été déterrées en 2021. Il nous explique d’abord qu’il ne peut pas encore révéler la teneur de la récente découverte annoncée par André Azoulay, car il est tenu «à respecter le processus de validation scientifique en cours», mais, poursuit il en réponse à notre question «oui, il y’a un lien avec les annonces de Rhamna». Abdeljalil Bouzouggar nous invite à dresser une ligne sur la carte régionale : «Il y’a eu l’historique découverte des plus anciennes traces d’Homo Sapiens dans le Jbel Ighoud près de Youssoufia, puis celles autour d’Essaouira et désormais dans la région de Rhamna». Le directeur de l’INSAP insinue que la présence humaine ancienne sur ces terres «suit une évolution logique du développement d’Homo Sapiens». Pour lui, les communautés humaines de l’Âge de pierre étaient à la recherche de trois critères fondamentaux pour leur survie, «des points d’eau accessibles, de la matière première à savoir des pierres pour fabriquer des outils, et un environnement qui offre la sécurité face aux grands prédateurs avec par exemple la présence de grottes». Des conditions que semblent réunir cette région du Maroc et qui auraient permis à l’Homme de se développer plus vite qu’ailleurs. L’avènement de l’agriculture par exemple, tournant de la civilisation, aurait tout aussi bien pu s’opérer au Maroc. La Mésopotamie, considérée depuis des décennies comme le berceau de la civilisation humaine, pourrait souffrir d’une concurrence inattendue…