La célèbre sultan alaouite expédia, à la fin du XVIIIème siècle, une mission diplomatique en Espagne. L’ambassadeur marocain en profita pour nous laisser un récit de voyage truffé d’anecdotes et de fines observations.
L’Espagne était pour le Maroc «l’Autre». C’était l’ennemi historique, celui qui a mis fin à la présence musulmane dans la péninsule ibérique, coupable d’avoir chassé musulmans et juifs qui ont trouvé giron au Maroc, continuant de rêver de ce «paradis perdu» qui vivait en eux, par la nostalgie, les récits, les us et mœurs, voire dans leurs patronymes. C’était aussi le pays qui occupait les enclaves de Sebta et Melilia, et qui occupait, dans cette fin du XVIIème siècle, Larache, que le sultan Moulay Ismaïl venait de récupérer.
Au temps de la realpolitik
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, l’ennemi était aussi un partenaire, et on ne rechignait pas à prendre langue avec lui. C’était un peu l’équation, assez cocasse, qui a été posée par le sultan Ahmed Al Mansour, un siècle avant, et qui consistait à garder, par une forme de realpolitik, de bonnes relations avec le voisin chrétien, seule issue pour repousser les convoitises des Ottomans qui se présentaient comme le porte-étendard de Dar al Islam. Mais la politique a ses raisons que la religion ne connaît pas. Il valait mieux faire avec «l’ennemi historique», que de subir la tutelle du coreligionnaire. Moulay Ismaïl, qui ressuscita la gloire d’Al Mansour après une longue phase de décrépitude, ne dérogea pas à la règle. Realpolitik oblige.
Par Hassan Aourid
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