Rien de mieux, pour cerner la relation complexe entre les historiographes et les différentes dynasties qui ont dominé le Maroc, que d’analyser les écrits, féconds et très parlants, qui ont jalonné l’ère mérinide.
Pour la petite histoire, quand Abou Youssef Yacoub (1286-1307) faisait le siège de Tlemcen, il aimait lire le célèbre «Tarikh al-Anssab» (« L’histoire des généalogies ») d’Abou al-Qassim Mohamed al-M’lahi. Il avait ainsi pris l’habitude, surtout après la prière du Sobh, d’écouter les biographes, et de discuter du contenu de ces livres. Cet intérêt pour l’histoire et les historiens n’était pas un simple «loisir» chez les sultans Mérinides. Ce n’était pas innocent. Derrière cette «érudition», ils cherchaient le moyen de légitimer leur arrivée au pouvoir. Cette quête était d’autant plus nécessaire qu’ils n’étaient porteurs d’aucun projet de réforme, contrairement à leurs prédécesseurs almoravides et almohades.
Les Mérinides désiraient aussi se rapprocher des élites de Ahl-Fas, dans l’optique de transférer leur capitale de Marrakech à Fès. Cette quête de légitimité historique et religieuse, pour laquelle ils avaient besoin de l’apport des historiens, était un passage obligé pour les sultans mérinides s’ils voulaient gagner la confiance de Ahl-Fas.
Les historiens se sont donc attelés à la tâche, pour légitimer / recréer une identité propre aux Mérinides, allant jusqu’à tenter de lier leur lignée à la maison du prophète.
Par Mohamed Yassir El Hilali
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