Un enfant endormi dans le ventre de sa mère, né plusieurs années après sa conception. Voici la légende du Ragued, que les premiers fouqahas de l’Islam, pourtant très sévères sur les questions des relations sexuelles illégitimes, ont pourtant codifié avec des règles juridiques qui s’appliquent jusqu’à nos jours. Aux origines d’un mythe social, mais aussi d’une grande énigme religieuse.
On l’appelle Ragued, Bou Mergoud, l’enfant endormi. Sa légende est très connue : c’est un fœtus qui reste dans le ventre de sa mère bien plus longtemps que les 9 mois de grossesse établis par la science. Le Ragued, lui, peut y demeurer un an, deux, trois, voire cinq ans. Un enfant miraculé, comme le veut ce mythe ancré dans l’imaginaire populaire marocain et de tous les pays musulmans.
Car le Ragued n’est pas une simple légende sociale ou un héritage des temps anciens, mais un concept qui a été codifié par tous les grands fouqahas de l’Islam, notamment les quatre grands Imams qui ont façonné les principales écoles juridiques actuelles de la religion : le malikisme, le hanbalisme, le chafiisme et le hanafisme. Un concept dont découle aussi des règles juridiques, qui nous gouvernent jusqu’à aujourd’hui et qui font loi devant les juges de la famille.
Ces quatre grands imams, qui ont vécu entre le IIème et le IIIème siècle de l’hégire, reconnaissent tous le Ragued comme un phénomène naturel, et l’enfant endormi comme un enfant légitime.
Par Mehdi Michbal
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