Rien ne prédestinait les deux hommes à se rencontrer, si ce n’est la lutte anticolonialiste. Les destins du résistant et du leader politique se scellent sous une même bannière. Mais c’est dans l’opposition à Hassan II qu’ils deviendront amis intimes. Souvenirs et anecdotes.
Mohamed Bensaïd Aït Idder évite souvent de parler de lui. Malgré son passé nationaliste et ses combats pour la démocratie et la citoyenneté, l’homme n’étale pas ses titres de gloire. Il se définit comme militant au sein d’une mouvance démocratique pour la patrie, la dignité et la citoyenneté. Il préfère parler de la mouvance en tant que mouvement social, politique et culturel, au lieu des personnes fussent-elles dirigeantes ou commandantes. Ainsi, quand on lui a demandé de raconter ses souvenirs sur Ben Barka et lui, il s’est d’abord cabré. Ces détails personnels le gênaient. Mais il a fini par céder à notre sollicitation motivée par l’intérêt mémoriel et scientifique d’une démarche basée sur l’homme en tant qu’acteur de l’Histoire.
Né en 1925 à Chtouka Aït Baha, dans le sud-ouest du Maroc, Mohamed Bensaïd n’avait aucune chance de rencontrer Mehdi Ben Barka au cours de son enfance. Ce dernier voit le jour à Rabat en 1920. Leurs deux régions d’origine sont non seulement séparées par la distance, mais aussi par l’état social et le comportement des populations vis-à-vis du fait colonial. Rabat fait partie de ce qu’on appelle à l’époque le « Maroc soumis ». Quant à Chtouka Aït Baha, elle est le théâtre du mouvement de jihad aux français, guidé par le cheikh Ahmed El Hiba. Pour le Protectorat français au Maroc, cette région est classée comme « insoumise », et une importante armée coloniale est mobilisée pour mater sa résistance et la « pacifier ».
Par Mostafa Bouaziz
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