Au Maroc et ailleurs dans le Maghreb, le débat Butr et Branes a fait l’objet de multiples interprétations scientifiques. Retour sur l’histoire de ces deux grandes tribus qui ont fait l’histoire du Maghreb, mais dont la différenciation reste énigmatique.
Les désignations Butr et Branes ont eu une signification au moment de la conquête arabe, mais par la suite, elles n’ont laissé aucune trace dans les appellations tribales du Maghreb de la haute période médiévale. En al-Andalus, par-contre, ces désignations avaient encore un sens au moment de la conquête arabo-berbère. Les généalogistes andalous, questionnant les origines des populations berbères arrivées en Espagne, y ont trouvé la matière d’une classification généalogique. Cette classification a été reprise par Ibn Khaldun et est devenue la référence de la classification généalogique de tous les berbères. Le tableau qu’il nous donne des Butr et Branes ne s’adapte pas aux critères distinctifs qui avaient un sens au moment de la conquête arabe. Le présent article invite donc à relire Ibn Khaldun avec des précautions.
Le dualisme Butr-Branes s’était transformé en un justificatif généalogique d’une opposition politique entre les mouvances Sanhaja, pro-fatimides, et les mouvances Zenata, pro-omeyyades. Le dualisme de leurs prétendues origines généalogiques s’imposa come un dogme lorsque, bon reflet de l’histoire politique, et fut repris par Ibn Khaldun comme la base de l’histoire mythique des berbères et de la classification de leurs tribus.
Par Grigori Lazarev
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