Avec la fin des Saâdiens, la ville la plus citadine du Maroc connaît une ruralisation sans précédent qui changera à jamais son caractère. Développement majeur qui pourtant est passé presque inaperçu par les historiens de la ville.
Les gens de Fès n’ont jamais eu de sympathie pour ces sudistes qui, au début du XVIème siècle, ambitionnaient de détrôner les derniers Mérinides et d’unifier le Maroc sous leur autorité. La résistance de la ville de Fès aux Saâdiens a été longue et sanglante. Il aura fallu à cette dynastie chérifienne pas moins d’un quart de siècle de combats, avec parfois des batailles sanglantes, avant de venir à bout de la ténacité des Mérinides de Fès.
Comment expliquer l’entêtement des Fassis contre les Saâdiens, pourtant salués par la majorité des Marocains comme les leaders du jihad contre l’occupation ibérique ? Il faut reconnaître que la ville de Fès avait connu ses heures de gloire avec les Mérinides, dont les monuments attestent encore du grand raffinement de la civilisation maghrébine jamais atteint. De l’autre côté, que pouvaient ces Saâdiens du sud, encore drapés dans leur «daraâiya» saharienne, leur proposer en échange de leur raffinement ? Pour les Fassis, le sultan saâdien Mohamed al-Shaykh n’était qu’un «boumellouta», c’est-à-dire l’homme à la vulgaire daraâiya. La figure emblématique de cette résistance fassie aux Saâdiens fut sans aucun doute le célèbre juriste Abdelouhed al-Wancharissi, cadi et doyen des oulémas de la Qaraouiyine.
Par Mohamed El Mansour
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