Elle est devenue aujourd’hui une figure médiatique. Soumaya Naâmane Guessous a pris le relais d’illustres sociologues marocains pour représenter une discipline pourtant longtemps mésestimée, voire décriée. Au chevet des maux de la société, la sociologue peut désormais dresser le diagnostic d’un pays durablement secoué par la crise sanitaire débutée en 2020. Elle estime ses impactes profonds et nous fait part de ses observations. Dans cet entretien, Soumaya Naâmane Guessous revient également sur son parcours personnel marqué par un père militant victime des oppressions, par une haine précoce de l’injustice et un engagement au service des femmes marocaines. Une vie de passion et d’engagement…
Quelles sont vos activités du moment et votre sujet de recherche ?
Je suis toujours enseignante à la Faculté de lettres et de sciences humaines de Ben M’sik. Je publie également, une fois par semaine, une chronique, sur un site d’information digitale. Un retour dans le monde de la presse après une période où j’ai collaboré avec certaines revues dites féministes, un terme que je n’apprécie pas beaucoup d’ailleurs. En tant que sociologue mais aussi en citoyenne, j’essaye en tout cas de rester impliquée, alerte et attentive aux évolutions pour ne pas avoir le sentiment d’avoir raté le train. Quant aux sujets qui peuvent interroger la sociologue que je suis, il y a évidement l’impact de la crise sanitaire que nous avons traversée.
À ce propos, est-il temps de faire un bilan et d’estimer par exemple l’impact de la crise dans les relations entre Marocains ?
Il faut d’abord préciser que nous n’avons pas encore vu l’ensemble des conséquences liés à l’épisode du Covid-19 et que d’autres éléments vont apparaître avec le temps. D’autant qu’après cette tornade, nous nous retrouvons dans une autre avec le conflit ukrainien qui fait envoler les prix des produits de première nécessité. Ceci dit, il y a bien des changements de comportements aussi bien dans le relationnel que dans l’individuel. J’ai par exemple sous mes yeux l’exemple de mes étudiants et je peux ainsi faire une comparaison. Je trouve qu’un certains nombre d’entre eux sont moins autonomes qu’avant la crise. Ils sont aussi plus angoissés et moins confiants en leurs capacités. En classe ou en amphithéâtre, je remarque plus d’agitations dans les rangs et moins d’écoute et de concentration. En termes de niveau global, il est aussi indéniable que le niveau moyen des étudiants a chuté ces deux dernières années. Cela s’explique notamment par la période de confinement qui a considérablement réduit l’accès au savoir.
Propos recueillis par Sami Lakmahri
Lire la suite de l’interview dans Zamane N°138