Par la force sous Moulay Ismaïl, ou la persuasion sous Mohamed ben Abdallah, le contrôle du champ religieux a toujours constitué un enjeu majeur pour les sultans alaouites.
On dit que le pouvoir en terre d’islam n’accepte pas le partage. Ce qui signifie que le calife ou le sultan est celui qui détient toutes les ficelles du pouvoir, en incarnant à la fois l’autorité religieuse et politique. Ce postulat sera constamment appliqué par les sultans, qui essaieront de concentrer tous les pouvoirs au nom de la religion qui leur offre des possibilités infinies en la matière. Même si cela nécessite, parfois, un affrontement avec les docteurs de la foi et les élites religieuses. Au cours des cinq derniers siècles, l’État marocain a connu une tendance croissante vers plus de centralité. Cela devenait nécessaire pour changer la nature de l’État et permettre sa transition entre un «empire» et un État national à l’espace limité.
Le makhzen politique devait alors composer avec un rival de taille : les forces religieuses «périphériques» (zaouïas, chorfas, confréries) qui se multipliaient dans tout le pays et menaçaient cette autorité centrale, y compris sur le terrain politique. Même si elle était parfois insidieuse et diffuse, la lutte n’en demeurait pas moins réelle. Et si les premiers sultans alaouites, à l’instar d’un Moulay Ismaïl, maniaient plus l’épée que la plume, la donne va changer à partir du XVIIIème siècle avec l’arrivée au pouvoir de sultans préoccupés par les sciences de la charia et désireux de gérer, au plus près, les affaires religieuses du pays.
Par Mohamed El Mansour
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