Pour dominer le Royaume chérifien au début du XXème siècle, la France a poussé ses banques à le mettre par terre avant d’intervenir politiquement et militairement pour en prendre le contrôle. Mais avec le récent retrait du Crédit Agricole et celui annoncé de BNP Paribas du Maroc, c’est une parenthèse historique de plus d’un siècle qui se ferme. À jamais.
Dans les manuels d’histoire, la perte de souveraineté du Royaume au début du XXème siècle est encore expliquée aujourd’hui par des faits géopolitiques, militaires ou de politique interne qui ont marqué l’histoire du Maroc et celles des puissances coloniales de l’époque : l’Espagne, la France, l’Angleterre ou encore l’Allemagne. Défaite d’Isly, affaiblissement militaire du Maroc, rebellions dans «blad siba» contre les réformes imposées par le Makhzen, conférence d’Algésiras, occupation par Lyautey d’Oujda… Ces faits existent bel et bien.
Mais, derrière tous ces évènements se cache un (grand) détail que peu soulèvent et qui a été mis en lumière par l’économiste franco-marocain Adame Barbe, dans un master de recherche soutenu en 2016 à l’Ecole d’Economie de Paris sous la direction du célèbre économiste français Thomas Piketty. Un mémoire qu’il a publié au Maroc dans un essai titré : «Dette publique & impérialisme au Maroc (1856-1956)», (Editions de la Croisée des Chemins, 90 DH).
La thèse d’Adam Barbe est simple et limpide : ceux qui ont assis la domination française sur le Maroc, ce ne sont ni les militaires, ni les politiques, mais les banquiers en costumes, cravates et chapeaux d’époque… À leur tête, la banque Paribas, celle-là même qui s’apprête aujourd’hui à se retirer du Maroc signant la fin d’une présence qui a duré plus d’un siècle…
Tout a commencé le 12 juin 1904 quand un consortium de banques françaises, mené par Paribas, a décidé de racheter toutes les dettes du Maroc pour en devenir le principal prêteur. Le contrat de l’emprunt est signé par le ministre marocain des Affaires étrangères, Si Abdelkrim Ben Slimane, le ministre marocain des Finances, Si Mohamed Tazi, et M. Zangarussiano qui représente Paribas. Le montant de l’emprunt s’élève à 62,5 millions de francs pour un taux d’intérêt annuel de 5%.
Par Mehdi Michbal
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