Si, politiquement, la parenthèse du protectorat a officiellement connu un début et une fin (1912 -1956), il en va autrement sur le plan économique où les limites ont été beaucoup plus floues. Conséquence directe de l’affaiblissement militaire du royaume tout au long du XIXème siècle, la dépendance économique a été, en fait, un prélude au protectorat. Elle s’est aussi prolongée, même relativement et dans un tout autre contexte politique, au-delà de la fin officielle du protectorat. Le dossier du mois est une enquête autour de cette question délicate : où, quand et comment le Maroc a-t-il perdu, historiquement parlant, sa souveraineté économique ? Quels sont les efforts qui ont été plus tard entrepris (entre nationalisation, marocanisation…) pour recouvrer cette souveraineté perdue et avec quels résultats ? Quelles sont les conséquences de cette lourde parenthèse historique sur l’économie marocaine d’aujourd’hui et sur sa place dans l’économie mondiale, y compris vis-à-vis, de ses anciens «protecteurs» ?
Dans les milieux financiers marocains, le retrait de BNP Paribas du Royaume n’est plus un secret pour personne. Le géant bancaire français, qui opère au Maroc à travers sa filiale BMCI, a envoyé plusieurs signaux ces dernières semaines, montrant bien sa volonté de céder ses actifs. Un nouveau président a été nommé, préparant la mariée à une belle cession. Une cession qui, selon nos sources, n’interviendra pas avant 2025, le temps que l’actionnaire français revalorise la banque pour mieux la vendre. Et qui est rendue encore plus crédible, selon les échos du marché, par le retrait de l’autre géant bancaire français du Maroc, le Crédit Agricole, qui a cédé fin 2022, ses parts dans sa filiale Crédit du Maroc, au groupe Holmarocm de la famille Bensalah. La cession de la BMCI, actuellement une banque de taille moyenne sans grande influence sur l’économie du pays, à un acteur marocain du secteur, est plus qu’une simple opération de vente comme on peut en voir tous les jours sur les marchés financiers. Elle revêt une grande symbolique, celle de la fin de l’une des parenthèses les plus douloureuses de l’histoire du Royaume : le protectorat français qui a duré de 1912 à 1956. Et où l’actionnaire de la BMCI, BNP Paribas, a joué un rôle de pionnier.
Par la rédaction
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