Avant que la médecine moderne n’existe et que les troubles mentaux ne soient interprétés comme des maladies mentales et des symptômes naturels qui ont leur raison d’être, les Marocains avaient tendance à croire que chaque trouble provenait de djinns et d’esprits maléfiques qui sont à l’affût d’une personne, prêts à la pourchasser à tout moment.
La croyance aux djinns est profondément enracinée dans toutes les sociétés, en particulier chez les peuples dits sémitiques. En Orient, les religions monothéistes sont venues affirmer une croyance qui accompagnait l’homme depuis l’origine. Par nature, l’être humain attribue tout ce qu’il ne peut pas expliquer au monde de l’invisible, avec ses créatures et son mode de fonctionnement. Aujourd’hui encore, et dans la vie de tous les jours, certaines personnes ne mangent qu’après avoir prononcé la «Basmala», croyant que cela apporte des bénédictions et expulse les mauvais esprits qui peuvent leur voler la nourriture avant qu’elle n’atteigne leur bouche. D’autres prononcent des invocations ou des versets coraniques lorsqu’ils entrent dans un endroit nouveau, ou alors qui ne leur inspire pas confiance. C’est, pensent-ils, pour chasser tous les dangers qui nous guettent, que nous ne voyons pas et dont nous ne savons rien. Et, quand deux personnes se querellent devant nos yeux, ne courons-nous pas vers elles pour les appeler à «maudire le diable», jusqu’à ce qu’elles reviennent à la raison et acceptent de se calmer ? Même dans notre langage quotidien, nous n’hésitons pas à demander aux autres de « maudire le diable » chaque fois que ces personnes semblent sous l’emprise de la colère, ou que leurs actes ou paroles paraissent déplacés.
Par Mohamed El Mansour
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