À l’instar des autres populations de l’Afrique du nord, les Marocains, et contrairement à certaines idées reçues, n’ont pas été islamisés du jour au lendemain.
Avec l’arrivée des Omeyyades au pouvoir, l’opinion de la majorité des Amazighs envers les Arabes musulmans n’a pas changé : parce que la politique des envahisseurs n’a pas changé, non plus, notamment sous les Oqba ibn Nafi ou Muawiya ibn Hudayj, qui traitaient les Amazighs avec condescendance et étaient uniquement intéressés par le butin matériel et humain qui s’offrait à eux, pas ou peu soucieux d’islamiser les autochtones, cherchant davantage à les intimider et à leur démontrer la faillite de leurs anciens «protecteurs» byzantins… Pour toutes ces raisons, l’islamisation des Amazighs a été accidentée, mouvementée, sujette à une forte opposition, au point qu’un Ibn abi Zaid dira plus tard: «Les Berbères se sont rétractés (de l’islam) 12 fois !».
La fondation de Kairouan par Oqba ibn Nafi a constitué un événement-charnière dans la transformation des relations entre les Arabes musulmans et les Berbères. Pour la première fois, les deux communautés se sont directement frottées l’une à l’autre, ont appris à se connaître. Les Amazighs ont alors commencé à adhérer à la nouvelle religion, même s’ils étaient toujours soumis à l’autorité politique des nouveaux arrivants. Il est également attribué à Oqba, et même si certains chercheurs remettent cela en question, qu’il a nommé certains de ses compagnons parmi les Masmoudas, pour leur enseigner les préceptes de la nouvelle religion. Certains de ces «enseignants» sont restés jusqu’à leur mort. C’est le cas d’un Chakir ibn Obaïdallah al-Azdi, dont un ribat porte encore le nom, près de Oued Tensift, à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Chichaoua.
Par Mohammed Yassir El Hilali
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