À l’aube de la plus grande campagne de vaccination de leur histoire, les Marocains hésitent entre inquiétude et soulagement. Deux sentiments que l’on retrouve déjà au cours des premières campagnes de vaccination, à la fin des années 1920. Retour sur une histoire de vaccination au Maroc, aussi médicale que politique…
Au Maroc, l’équivalent du Covid-19 au XIXème siècle s’appelle la variole. Cette maladie infectieuse très contagieuse est responsable des plus graves épidémies de cette période. Si elle est comparable à la pandémie qui nous secoue depuis maintenant un an, c’est que contrairement à la peste et au choléra, les deux autres fléaux majeurs du XIXème siècle qui sont d’origine bactérienne, la variole est bien la cause d’un virus. Un mal connu des médecins arabo-musulmans depuis au moins le Moyen Âge. À l’époque, seule la botanique permet, de soulager les malades, à défaut de les guérir.
Au Maroc, cette maladie, appelée «jadria», figure bien dans les traités d’Abul Qasim ibn Mohamed al-Ghassani, éminent médecin et pharmacien marrakchi du XVIème siècle. Au même moment, à l’autre bout du monde, les savants chinois découvrent un procédé inédit et complètement déroutant pour l’époque. La «variolisation» consiste à inoculer une légère dose de pus extrait d’un malade de la variole à un individu sain. Les Chinois, et probablement les Indiens avant eux, avaient donc compris que le corps humain est une machine que l’on peut «programmer» à se défendre elle-même.
Par Sami Lakmahri
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