Arrêt sur quelques séquences bien senties, de ce Maroc en mouvement qu’avait initié Fatema Mernissi.
En ce mois de mars 1989, lors de la première causerie que prononce le ministre des Affaires religieuses, tout semblait normal. Abdelkebir Mdaghri qui, ouvre d’habitude les causeries religieuses que le souverain
Hassan II préside au mois de Ramadan, fit l’exégèse d’un propos prêté au Prophète, selon lequel une femme ne peut prétendre à la charge publique. Mdaghri spécifia que la femme ne peut être ni ambassadeur, ni gouverneur, ni ministre.
Le non apparent était que le ministre répondait indirectement à la sociologue marocaine Fatema Mernissi, qui venait de publier un livre intitulé «Le harem politique». Le livre, dans son premier chapitre («le musulman et son temps»), fait un cinglant constat sur un temps figé dans lequel vivent les musulmans. Ils souffrent, dit-elle, du «mal du présent». Le présent pèse aux musulmans qui fuient dans le passé. Ils demeurent absents de leur temps, et cette absence est suicidaire. Il faut rectifier le tir d’un temps fléché vers le passé, sortir de l’état de funambule.
Le chapitre «le prophète et les hadiths» fait un lourd diagnostic. Si les musulmans sont anesthésiés par le passé, c’est qu’ils sont tenus par les textes, qui plus est : des textes sujets à caution. La femme est sacrifiée par pertes et profits, par des textes apocryphes, pour maintenir un temps figé. Tel ce hadith, qui interdit à la femme la charge publique. C’en est trop. Des oulémas saisirent le cabinet royal sur le livre iconoclaste. Il sera interdit de diffusion au Maroc.
Par Hassan Aourid
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