Mieux que quiconque, la grande sociologue marocaine a exploré les mille et un coins et recoins, parfums, mystères, détails et symboles d’un harem à la marocaine.
Fatéma Mernissi a grandi au sein d’un harem. Son enfance au sein de cette «institution» a largement nourri ses réflexions ainsi que son œuvre. Dans son esprit, le harem est surtout un concept philosophique à la fois invisible, intemporel et universel. Tout au long de son œuvre prolifique, elle revient sur le sens du mot harem qui, comme elle l’atteste dans son roman autobiographique «Rêves de femmes», sème le trouble et soulève des contradictions. Le terme revient si souvent dans ses écrits qu’il semble compenser le fait que, dans son enfance passée justement dans un harem, Mernissi était contrainte de l’utiliser «avec la plus grande parcimonie» afin d’éviter les discussions susceptibles de dégénérer en disputes.
«Vous êtes vraiment née dans un harem ?», lui demandent, un sourire narquois aux lèvres, les journalistes qui l’interviewent. Ce harem, «objet de fascination en Occident, point de fusion de trois éléments les plus désirés : pouvoir, richesse et jouissance», continue à susciter stupéfaction et inquiétude. Sa connotation «orgiaque» associée au harem impérial turc a fini par sombrer dans les lieux communs.
L’étymologie citée dans certaines œuvres de Fatéma Mernissi, puisée de Lisan al ‘Arab d’Ibn Mansour, peut être associée aux termes haram, harem, horma ou mahram. Ces termes renvoient, d’une part, à ce qui est interdit et contraire de ce qui est permis (halal) et, d’autre part, au sacré réglementé par un ordre strict. Dans son œuvre, Fatéma Mernissi explore de nombreuses dimensions complémentaires de ce que peut représenter un harem.
Par Leila Bouasria
Lire la suite de l’article dans Zamane N°151