On ne peut se permettre de dire : «Nous tiendrons quarante autres années, s’il faut». Car, au-delà du danger qui plane et qui menace la paix et la sécurité dans le pourtour de la Méditerranée et le Sahel, il y a cette dimension humaine que nous ne pouvons, nous ne devons occulter : des milliers de personnes qui vivent dans la désolation et le déchirement.
Tous sont nos frères et nos enfants, avec qui nous pouvons diverger politiquement, mais nous ne pouvons être indifférents à leur calvaire, ni n’acceptons qu’ils soient tenus en otages. Un problème bien posé est à moitié résolu, et le problème du Sahara ne date pas de la vague des décolonisations, mais bien avant. Ce n’est pas la décolonisation ou la manière avec laquelle elle s’est faite qui est mise en jeu, mais la colonisation elle-même, quand des officiers coloniaux, avec leurs équerres et leurs règles, dépeçaient arbitrairement des territoires et déchiraient des peuples. À l’orée des indépendances, l’armée de libération voulait remettre en cause cet ordre inique, au nom du nationalisme et la France coloniale a étouffé dans l’œuf cet élan par l’opération Écouvillon. De jeunes bidane (nous adoptons cette appellation plutôt que celle, coloniale, de «Sahraouis») pensaient rééditer le même exploit, une génération après, ceux-là mêmes qui créèrent le Polisario au nom du panarabisme, avant qu’ils ne fussent dévoyés de leur dessein par un jeu piteux et sordide. C’est la même logique de jeter aux orties les tracés coloniaux qui inspire aujourd’hui des jihadistes au Sahel.
Par Hassan Aourid
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