Avant tout, le défunt Hassan II s’est servi de la marocanisation pour consolider son trône, au moment où il était sérieusement ébranlé. Quant au reste…
Pour le défunt Hassan II, il fallait non seulement entamer un nouveau tour de vis sécuritaire (la création de la DST et de la DGED auront lieu en cette même année 1973), mais la question était aussi de rétablir la connexion perdue avec les élites économiques et militaires, et surtout soigner son image auprès de la population. En plus simple, le monarque avait besoin d’une nouvelle Bei’a.
La propagande du discours officiel parlait d’indépendance économique, de création et de redistribution des richesses, de création d’emplois aussi, d’augmentation du PNB/PIB, du SMIG et de tous indicateurs économiques, d’ascenseur social, de boost de la paysannerie, de création d’une vraie et forte classe moyenne marocaine, etc. Tout cela eut bien lieu, mais à une bien faible échelle. L’essentiel des opérations a plutôt consisté en la création d’une nouvelle caste, la bourgeoisie de situation ou de rente, quand ce n’est pas l’enrichissement des riches et l’approfondissement du fossé déjà béant entre riches et pauvres, citadins et paysans.
Entre cessions et concessions, expropriations, indemnisations et retitrisations à la pelle, recapitalisations, reconfigurations de tours de table, le jackpot sourit aux uns et tourna le dos aux autres, majoritaires. Paradoxalement, le libéralisme d’état a créé une situation de socialisme agricole assez difficile à tenir.
Par Karim Boukhari
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