L’histoire de la diplomatie chérifienne est, pratiquement, aussi ancienne que celle de l’Etat marocain. Et même si elle a longtemps existé dans une forme différente, la diplomatie a toujours rempli le même cahier des charges : défendre les intérêts du royaume, gérer au mieux ses relations extérieures.
Comme aujourd’hui, la diplomatie a aussi toujours été liée à la personne du chef d’Etat. L’ambassadeur représentait d’ailleurs directement le sultan : il dépendait de lui et c’est à lui qu’il devait rendre compte du contenu de ses missions, qui étaient souvent de la plus haute importance. Mais ces missions n’étaient pas les mêmes, selon que le pays en face, objet de l’ambassade, soit chrétien ou musulman, maghrébin ou européen…
Fermons à présent les yeux et imaginons le royaume, ou «L’Empire Chérifien», au temps des Almohades, des Mérinides, des Saâdiens, de Moulay Ismaïl, etc. Avec ses ambassadeurs-voyageurs, dont beaucoup nous ont laissé des récits de leurs longs périples, le Maroc composait et recomposait des équations d’une incroyable modernité, parce qu’elles obéissaient (comme aujourd’hui !) à des enjeux de géostratégie.
Zamane ouvre cette grande et passionnante page d’histoire, avec plein de surprises, d’anecdotes, de faits étonnants. Un voyage pas comme les autres au cœur de la «vitrine» du royaume, sa façade externe, le visage qu’il a toujours offert au monde extérieur, à travers les siècles, depuis le Moyen Âge jusqu’à l’ère moderne.
Le Maroc n’a connu la «diplomatie» sous ce vocable qu’après l’indépendance du pays en 1956. Avant cette date, il ne pouvait en avoir puisque c’était la France, en tant que puissance protectrice, qui la faisant en son nom. Avant le XXème siècle, le lexique politique du Makhzen ne faisait mention que de «Shu’un al ajnas» ou «Affaires des nations», chrétiennes bien sûr. Ce qui de facto renvoie à la question de savoir pourquoi les nations musulmanes étaient exclues. Dans le lexique politique du Makhzen, les Affaires étrangères étaient aussi désignées sous l’appellation «Shu’un al bahr», c’est-à-dire «Les Affaires de la mer». Il faudrait toutefois rappeler qu’en Europe, le mot «diplomatie» est assez récent, sans pour autant dire que la fonction diplomatique est également récente.
Par la rédaction
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