À l’extrémité occidentale de la mer Méditerranée, la petite île de Lila au Maroc pourrait correspondre à l’île d’Ogygie où Calypso retient longtemps Ulysse dans ses bras amoureux.
Àl’issue de la guerre de Troie, la tempête a brisé la flotte des Achéens – qu’on appellera plus tard les Grecs – en route vers leurs patries. Tous surmontent les dangers de la mer et atteignent les cités de la péninsule balkanique, des îles de la mer Égée ou de la mer ionienne. Seule, la petite troupe d’Ulysse erre encore aux abords du détroit de Sicile, loin des rivages découpés et familiers de la côte et des îles grecques. Pendant dix ans, ballottés d’une terre à l’autre, rencontrant de nombreux périls, les compagnons d’Ulysse sont progressivement décimés par le sort qui s’acharne. Le « héros d’endurance » a été expédié par Homère entre l’Europe et l’Afrique, entre la mer intérieure (la Méditerranée) et la mer extérieure (l’océan Atlantique) aussi loin que le permettent les connaissances de son époque. Ulysse, seul rescapé, échoue au bout du monde sur l’île de la nymphe Calypso et doit ses malheurs à la rancune tenace de Poséidon, dieu de la mer, dont le fils, Polyphème le Cyclope, a été aveuglé par l’« homme aux mille ruses ». Cependant, malgré la puissance de la divinité des mers et océans, qui voue une haine implacable à Ulysse, le conseil des dieux favorables au héros décide de permettre son retour vers Ithaque. Zeus envoie alors son messager Hermès chez Calypso pour convaincre la nymphe de libérer Ulysse de son exil du bout du monde. Les vers sublimes d’Homère au chant V de L’Odyssée évoquent les beautés des mers insondables et décrivent la grotte idyllique où vit la ravissante (et ravisseuse) nymphe.
Par Jean-Luc Pierre
Lire la suite de l’article dans Zamane N° 31