Ibn Batouta s’inscrit dans une tradition arabe de voyage. Il n’est certes pas le premier à avoir parcouru des milliers de kilomètres dans le but de découvrir des contrées inconnues. De grands voyageurs l’avaient précédé.
Le premier texte, sobrement intitulé «Documents sur la Chine et sur l’Inde», constitue le bref compte rendu du voyage marchand de Baghdad à Guangzhou (Canton) effectué en l’an 851. Son auteur n’est pas connu et sa forme fragmentaire (akhbar) est le témoin d’une première littérature de voyage, dont les canons n’étaient pas encore fixés. Au début de son ouvrage il spécifie la mission : «Lorsqu’arriva la lettre d’Almuch fils de Chilkî, Yiltiwâr, roi des Saqâliba, à l’Émir des Croyants Muqtadir, dans laquelle il lui demandait de lui envoyer quelqu’un qui pût l’instruire dans la religion, lui enseigner les lois de l’Islam, lui construire une mosquée afin qu’il pût y faire la prière en son nom dans son pays et dans toutes les contrées de son royaume, et dans laquelle il lui demandait aussi de lui construire une forteresse afin qu’il pût s’y défendre contre les rois ses adversaires, une réponse favorable y fut donnée». Dans la suite, on peut lire : «Pour moi, je fus mandaté pour lire la lettre au roi et pour lui remettre les cadeaux qui lui étaient destinés ainsi que pour la surveillance à exercer sur les juristes et les professeurs (qui devaient lui être envoyés)».
Mais si la mission d’Ibn Fadlan était bien spécifiée comme annoncée au début de son texte, il se chargea après de décrire la vie des autres en véritable observateur anthropologique. Il ne s’engage jamais dans les débats théologiques. Ibn Fadlan regardait ces peuples avec une condescendance évidente, le regard de celui qui vient d’une civilisation supérieure.
Par Moulim El Aroussi
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