Depuis la chute de l’URSS, les Etats-Unis considèrent les groupes islamistes comme leurs principaux adversaires. La CIA, d’abord impliquée dans leur émergence et leur développement, tente désormais de les combattre. Au Maroc, l’activité des fondamentalistes et des formations politiques religieuses est scrutée avec attention.
«Les personnes que nous combattons aujourd’hui sont les mêmes que nous avons financées il y a 20 ans […] Soyons prudents car qui sème le vent récolte la tempête ». Ces propos sont prononcés par Hillary Clinton en 2009. Celle qui occupait alors la fonction de secrétaire d’Etat confirmait ce que l’histoire avait déjà acté. Les premières cellules de moujahidine déployées en Afghanistan au début des années 1980 pour combattre l’invasion soviétique sont l’œuvre d’une collaboration entre la CIA et l’ISI, branche la plus puissante des services secrets pakistanais. Un vaste réseau de financement et de recrutement est alors mis en place dans le but de gêner, voire neutraliser, la présence soviétique en Afghanistan. Pour ce faire, la CIA s’appuie sur des personnalités riches et influentes. Dans son livre « Pouvoir et terreur », l’intellectuel Noam Chomsky évoque un financement américain de l’ordre de 3,3 milliards de dollars. Le Saoudien Oussama Ben Laden incarne à cette époque l’efficacité de la collaboration entre la CIA, le royaume wahhabite et le Pakistan. Riche et influent, Ben Laden est à cette époque l’allié de circonstance des Etats-Unis. Basés sur une idéologie rigoriste qui prône la guerre sainte contre les envahisseurs, les mouvements des moudjahidine étendent les recrutements à l’ensemble du monde arabo-musulman, dont le Maghreb, devenu l’un des principaux pourvoyeurs de combattants. Les volontaires marocains se rendent par centaines dans les camps d’entraînement à la frontière entre le Pakistan et l’Afghanistan. Sous la supervision de l’ISI, les combattants subissent un entraînement sophistiqué dans le maniement des armes et des explosifs. A la fin de la guerre d’Afghanistan, ce système bien rodé, bâti en partie par la CIA, échappe à tout contrôle avec le retrait des troupes soviétiques en 1989. Dès lors, les « combattants de Dieu », aguerris et radicalisés, poursuivent la lutte en terre d’islam. De nombreux Marocains atterrissent en Tchétchénie tandis que d’autres retournent dans leur pays, à l’image d’Ahmed Rafiki, alias Abou Houdaïfa, et de son fils Abdelouahab Rafiki (Abou Hafs), plus connu, incarcéré plus tard suite aux attentas de Casablanca en 2003.
Par Sami lakmahri
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