Encore empêtrés dans les affres de la Guerre d’Algérie, les pays du Maghreb tentent malgré tout de se projeter vers un avenir qu’ils espèrent radieux et uni. L’idée d’une fédération d’Afrique du Nord est même évoquée lors de la Conférence de Tanger en avril 1958 qui réunit les nationalistes marocains, algériens et tunisiens. Toutefois, les premières divergences ne tardent pas à éclater…
Un peu avant 11 heure du matin, un bruit de moteur d’avion vient perturber le ciel du village tunisien de Sakiet Sidi Youssef. Pour autant, aucune alerte n’est donnée et les enfants de l’école élémentaire de cette localité près de la frontière algérienne suivent le cours normal de cette journée du 8 février 1958. En quelques minutes à peine, des bombes réduisent en cendres l’établissement scolaire et à peu près l’ensemble des bâtiments du village. L’attaque menée par une escadrille de l’armée de l’air française fait au total 79 morts, dont onze enfants et vingt femmes. Ces victimes civiles, dommages collatéraux de la sanglante guerre de libération en Algérie, émeuvent partout dans le monde. Au Maghreb, la consternation est générale. La France tente de se défendre en invoquant un «droit de suite» contre les maquisards du FLN (Front de Libération National), mais le drame de Sakiet Sidi Youssef externalise la guerre qu’elle mène en Algérie. Au Maroc, le roi Mohammed V est indigné. Pour lui, qui a traversé déjà plusieurs crises avec l’ancien occupant depuis l’indépendance du royaume, il est temps d’agir.
Par Sami Lakmahri
Lire la suite de l’article dans Zamane N°147